Communiqué
Global

Journée internationale des migrants 2016 : message du DG de l’OIM, William Lacy Swing

Photo : OIM

Genève – Un rapport qui arrive sur mon bureau deux fois par semaine raconte une histoire tragique. Il détaille le nombre de migrants décédés. Ils meurent lorsque les bateaux où les passeurs les entassent sombrent, ils meurent de fatigue à travers les déserts, pire encore, ils meurent lorsque ceux qui les retiennent en otage, dans des pays comme la Libye, prennent tout ce que leurs familles peuvent leur donner, en finissant par les assassiner et les enterrer dans des fosses communes.

Parfois, ils meurent loin de leur famille. Parfois leur famille est avec eux, ou proche. Cela fait 65 ans que nous apprenons à connaître les migrants à l’OIM. Et nous savons que, où qu’ils se trouvent lorsqu’ils meurent pendant leur dangereux périple, nombreux sont ceux qui auraient pu éviter leur triste sort s’ils avaient eu accès à des informations sur les risques qu’ils encouraient ou sur les possibilités d’une vie meilleure plus proche de chez eux.

L’extrême pauvreté, les changements climatiques, la ruine économique et la corruption mettent des millions de vies d’hommes, de femmes et d’enfants en danger et en situation de déplacement. Ajoutez à cela les huit conflits généralisés en cours dans différentes régions du monde qui déplacent les habitants aussi bien à l’intérieur de leur pays qu’au-delà des frontières.

L’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, estime aujourd’hui qu’une personne sur sept dans le monde est un migrant, c’est-à-dire quelqu’un qui vit, travaille et fonde une famille dans un endroit autre que son lieu de résidence habituel. Et même si bon nombre essaient simplement de vivre, ils sont trop nombreux à mourir.

Le rapport que je reçois deux fois par semaine est produit par le Projet de l’OIM sur les migrants disparus, qui tente d’identifier chaque migrant décédé ou disparu que le personnel de l’OIM est parvenu à identifier dans les 165 pays où l’Organisation est présente. En 2016, pour la troisième année consécutive, le nombre de migrants disparus dépassera les 5 000.

Réfléchissez-y : chaque jour depuis trois ans, en moyenne un peu plus d’une douzaine de migrants meurt, soit un homme, une femme ou un enfant toutes les deux heures.

Actuellement, plus de 7 000 personnes ont déjà perdu la vie le long d’itinéraires migratoires en 2016. Et ce sont seulement les victimes dont nous avons connaissance. De nombreuses autres victimes ne sont pas recensées par les gouvernements ou les organismes humanitaires.

Nous devons regarder en face ce bilan choquant et la froideur dont le monde fait de plus en plus preuve à leur égard. Cela arrive aujourd’hui aux familles, dont bon nombre empruntent désormais les mêmes chemins que ceux qu’ont emprunté nos parents et nos grands-parents il y a plusieurs décennies.

Il ne sert plus à rien d’exprimer des sentiments de peine, d’effroi ou de culpabilité. Nous devons reconnaître que la migration est la mégatendance de notre ère. C’est une mégatendance qui inscrit la migration dans la conscience publique et au premier plan de chaque programme gouvernemental.

Les images de migrants qui se déplacent en grands nombres ou qui sont secourus en mer, et qui attisent les flammes de nos politiques ne racontent pas toute l’histoire. Considérez le nombre de morts croissant comme un avertissement de ce qui nous attend en termes de pressions démographiques, politiques et sociales, qui mènent souvent au conflit et qui poussent de plus en plus de gens à migrer.

Malgré les apparences et le tapage médiatique, la migration n’a pas â être chaotique ou paraître une invasion. Ce n’est pas une maladie émergente, programmée pour contaminer notre culture.

Les bouleversements dont nous sommes témoins dans notre politique devraient servir de prise de conscience pour nous préparer au lieu de nous faire paniquer. Nous devons façonner le futur plutôt que l’ignorer. Nous devrions le faire en acceptant l’inévitabilité de la migration, en changeant les perceptions des migrants auprès de nos populations et en intégrant mieux les migrants dans nos sociétés.

Nous assistons aujourd’hui à une révolution démographique et il est de notre ressort de la gérer au profit de tous. La plupart des migrants veulent simplement avoir une opportunité et accepteraient même un visa temporaire à court terme pour faire des études ou travailler dans l’agriculture afin d’améliorer la vie de leurs familles restées au pays.

Avec le bon accompagnement, ceux qui restent contribueront à la société dans laquelle ils s’installent, que ce soit économiquement ou culturellement. Il est important de bâtir des partenariats entre les migrants, les communautés d’accueil et les gouvernements pour faire perdurer les avantages de leur présence dans le pays.

Le 18 décembre, à l’occasion de la Journée internationale des migrants, reconnaissons que nous pouvons offrir des opportunités à tous, nous devons simplement les partager.

 

Montrez votre soutien aux migrants à l’occasion de la Journée internationale des migrants 2016 en partageant cette vidéo sur les médias sociaux du 15 au 18 décembre 2016. Partager : Facebook | Twitter

Pour plus d’informations, veuillez contacter le siège de l’OIM, Leonard Doyle Tel: + 41 79 285 7123, Email: ldoyle@iom.int  ou Joel Millman, Tel: + 41 79 103 8720, Email: jmillman@iom.int