Migrant Stories

Laos : Les mutations économiques posent des défis aux frontières

Lao People’s Democratic Republic

La mutation que connaît l’Asie est si rapide qu’elle se produit littéralement sous nos yeux. Comme dans un film en accéléré, les bâtiments poussent comme des champignons, les villes s’étendent, et les gens se déplacent toujours plus vite d'un pays à l’autre. L'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) devient discrètement mais sûrement une force régionale qui présente des chances et des défis.

Le rythme du changement est le plus rapide là où, jusqu’à présent, le développement était le plus lent : pays sans littoral, le Laos a des frontières communes avec le Cambodge, la Thaïlande, le Viet Nam, le Myanmar et la Chine. Les 23 points de contrôle frontaliers internationaux et le développement croissant des couloirs économiques créés dans le cadre de l’ASEAN placent les autorités frontalières lao face à des difficultés accrues dues à la criminalité transnationale, qui met à profit les nouvelles relations de transport qui quadrillent ce pays endormi.

Le relief accidenté avait, par le passé, entravé le développement de cette région. Mais avec l’ouverture du quatrième pont de l’amitié lao-thaïlandaise à Houei Sai (province de Bokeo) en décembre 2013, l’inauguration du premier pont de l’amitié entre le Laos et le Myanmar, prévue en 2015, et la future liaison ferroviaire entre Vientiane et la province chinoise du Yunnan, les provinces du nord s’attendent à des mouvements de personnes et de marchandises accrus de part et d’autre des frontières. Petit à petit, le Laos deviendra non seulement un pays de destination ou d’origine, mais aussi - ce qui est non moins important - un pays de transit, notamment entre la Thaïlande et la Chine.

L’Organisation internationale pour les migrations apporte sa contribution aux efforts mis en œuvre pour que, face à ces mutations, un juste équilibre soit trouvé entre la facilitation des mouvements légitimes des personnes et des marchandises et la protection de l’intégrité des frontières lao face aux activités criminelles.

La semaine dernière, elle a animé un troisième atelier à l’intention d’agents frontaliers, que le Gouvernement du Canada a financé dans le cadre de son projet de renforcement des capacités de lutte contre la criminalité. Les ateliers précédents avaient été organisés en Thaïlande conjointement avec des fonctionnaires lao et thaïlandais, auxquels avaient participé des agents lao des provinces méridionales et centrales. La formation organisée la semaine dernière à Luang Prabang était destinée aux agents frontaliers lao des provinces du nord, souvent négligées et plus faiblement peuplées, qui ont des frontières communes avec le Myanmar, la Chine et le nord du Viet Nam.

Si les trois ateliers portaient principalement sur la lutte contre le trafic illicite et la traite des personnes, les participants ont en outre reçu des informations sur la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, qui traite non seulement du trafic illicite de personnes, mais aussi du commerce illicite de produits tels que les animaux sauvages, les stupéfiants, le tabac, l’or, les devises et d’autres marchandises de contrebande.

Cette formation, à laquelle ont pris part 30 participants des provinces de Luang Prabang, Udomxay, Phongsaly, Xieng Khouang, Houaphan, Luang Namtha, Bokeo et Sayaboury, était consacrée aux dernières évolutions technologiques dans le domaine des documents de voyage, dont le passeport électronique et les mesures de lutte contre la falsification et la contrefaçon. Une formation à l’identification des trafiquants et aux méthodes d’enquête sur ces personnes, et notamment les techniques d’entretien et le traitement des migrants introduits clandestinement, a également été dispensée. Comme il est établi que de plus en plus de filles et de jeunes femmes sont introduites clandestinement en Chine où elles sont victimes de la traite dans le cadre d’un commerce d’épouses potentielles en pleine expansion, il faudra faire preuve d’une vigilance accrue pour prévenir ce commerce et protéger les droits humains des victimes.

Les formateurs spécialisés venaient de l’Agence des services frontaliers du Canada, du Service royal de l’immigration thaïlandais et du Bureau régional de l’OIM à Bangkok, ce que les participants ont beaucoup apprécié. Les discussions ont été animées. Les participants ont reçu de la documentation de référence qu’ils ont pu emporter sur le lieu de travail, pour qu’ils la communiquent à leurs collègues.