Communiqué
Global

Afrique centrale et Afrique de l’Ouest : les femmes sont de plus en plus nombreuses à rechercher l’égalité à travers la migration

Kaltoum, une Malienne de retour, a décidé de choisir ce que ses amis qualifient de « travail d’homme » : le soudage. Photo : OIM

Dakar - Pour de nombreuses femmes à travers l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, la migration est une façon d’accroître l’accès aux moyens de production - comme la terre, l’information, la finance, l’éducation - et aux offres d’emploi. La migration leur donne aussi l’occasion d’échapper aux structures sociales patriarcales et d’améliorer leur autonomie et leur statut.

Une récente étude de Côte-d’Ivoire révèle que beaucoup de femmes migrent pour être économiquement indépendantes, dans l’unique but de subvenir à leurs propres besoins et à ceux des leurs enfants et de s’émanciper des pressions sociales et des attentes liées au genre.

Pendant des années, certains facteurs associés aux femmes migrantes étaient absents du discours de la migration en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Aujourd’hui, une nouvelle étude et des témoignages de migrants eux-mêmes suggèrent que la recherche de l’égalité pousse un nombre croissant de femmes et de filles à migrer à l’intérieur de la région et au-delà.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a observé les signes de cette tendance grâce à ses activités d’aide au retour volontaire. En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, jusqu’à deux migrants de retour sur dix sont des femmes. Dans des pays comme la Côte-d’Ivoire, plus de 25 pour cent de la population de retour est de sexe féminin.

A travers l’Initiative conjointe UE-OIM, plus de 85 000 migrants ont reçu une aide à l’arrivée et à la réintégration en Afrique de l’Ouest, du Nord, de l’Est et en Afrique centrale. En tout, 14 pour cent sont des femmes.

Il existe bien sûr un inconvénient. Etant donné que les femmes migrent de plus en plus seules - souvent sans en informer leurs amis ou proches - elles peuvent être plus vulnérables à la violence, à l’exploitation et aux exactions le long des itinéraires migratoires dangereux.

Très souvent, le retour des femmes est plus difficile en raison de la stigmatisation et de la honte qu’elles ressentent de leurs expériences, notamment des abus sexuels. Le soutien psychosocial qu’elles reçoivent est une étape essentielle qui leur permet de se reconstruire et de rétablir des liens avec leurs proches.

Pour les femmes dont les périples ne se sont pas terminés comme elles le souhaitaient, la réintégration permet l’égalité homme-femme et leur donne une seconde chance pour atteindre leurs rêves envolés.

« Je sais que c’est un périple difficile pour tout le monde, mais les femmes sont plus vulnérables que les hommes », a confié Aline, une migrante guinéenne de retour.

Elle était étudiante en première année d’école de sage-femme à Conakry lorsque des conditions familiales difficiles l’ont poussée à quitter la Guinée. Lorsqu’elle est rentrée en 2017 après une période difficile en Libye, elle a décidé d’utiliser son programme de réintégration pour finir ses études et aider d’autres femmes.

« Je n’avais personne pour m’aider ou financer mes études », raconte Aline.

Certaines femmes qui rentrent chez elles se sentent plus fortes, plus autonomes. Certaines aspirent même à réaliser les rêves qu’elles considéraient comme inatteignables avant de quitter leur pays.

Kaltoum, une migrante de retour au Mali, illustre l’exemple classique de cette transformation. Elle remet en question les clichés sexistes en cherchant, dans le cadre de son aide à la réintégration, un emploi dans ce que ses amis qualifient de « travail d’homme » :  le soudage.

« Cette formation est une seconde chance pour moi et je suis prête à trouver un travail dans ce domaine pour pouvoir subvenir toute seule à mes besoins », affirme-t-elle.

D’autres, comme Rafiatou, décident d’utiliser leur voix pour éveiller les consciences de leurs sœurs. Lorsqu’elle est rentrée au Cameroun en 2017, elle a rejoint une organisation de migrants de retour qui sensibilisent la population à la migration sûre.

« Je fais ce sacrifice car les jeunes femmes et filles doivent savoir ce qu’elles risquent en chemin » a-t-elle expliqué.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Florence Kim, Bureau régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, Tel. +221 78 620 62 13, email : fkim@iom.int