Communiqué
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Arrivées de migrants en Europe par la Méditerranée : 43 000 ; décès en mer : 1 089

Suisse - D’après l’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, au 23 avril 2017, 43 204 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la mer. Plus de 80 pourcent sont arrivés en Italie et le reste en Grèce et en Espagne.

Lundi, l’OIM en Grèce a signalé les décès et disparitions de 23 migrants ou réfugiés pendant le week-end au large de l’île de Lesbos dans les eaux entre la Grèce et la Turquie. Les autorités helléniques ont signalé avoir repêché les corps de neuf personnes tandis que les autorités turques ont déclaré en avoir retrouvé sept autres. Deux survivants ont été retrouvés et au moins sept autres personnes sont portées disparues. L’une des survivantes était une femme enceinte qui a été transportée vers un hôpital local.

Le nombre de décès d’hommes, de femmes et d’enfants sur cet itinéraire de la Méditerranée orientale a presque triplé cette année, passant de 14 à 37. Ce chiffre représente à peine 10 pourcent du nombre total de décès enregistrés à la même période l’année dernière, lorsque 376 migrants ou réfugiés avaient péri en mer entre la Turquie et la Grèce. Le nombre d’arrivées dans les îles grecques était également beaucoup plus élevé l’année dernière : plus de 154 000 au 23 avril contre seulement 4 843 cette année.

Ces derniers décès dans la Méditerranée portent à 1 089 le nombre total de décès en Méditerranée, où l’itinéraire entre l’Afrique du Nord et l’Europe continue d’être le plus meurtrier du monde, d’après les données recueillies par le Projet de l’OIM sur les migrants disparus. Au cours de la semaine écoulée, l’OIM a enregistré plus de 100 décès de migrants tentant d’atteindre l’Europe par l’Espagne ou l’Italie en provenance des côtes nord-africaines.

Jusqu’ici cette année, 36 851 migrants ou réfugiés sont entrés en Italie par la mer, soit une hausse de près de 45 pourcent du nombre total d’arrivées en Italie par la Méditerranée centrale par rapport à l’année dernière à la même date (voir tableau ci-dessous).

Pendant le week-end, l’OIM a également répondu aux allégations selon lesquelles les gouvernements et les organismes humanitaires étaient involontairement complices de la migration irrégulière en cautionnant l’aide des navires de sauvetage aux migrants et aux réfugiés et en agissant comme un “facteur d’attraction” pour les migrants recherchant une vie meilleure en Europe. D’autres ont mentionné la connivence des exploitants de bateaux de sauvetage avec les groupes de passeurs.

« Nous savons que la présence de bateaux de sauvetage dans la Méditerranée ne constitue pas un « facteur d’attraction » qui pousse à la migration. Cette critique nous rappelle les reproches faits à l’Opération Mare Nostrum – menée à bien par la Marine italienne en 2014 – qui avait aussi été attaquée sur ce point. En réalité, lorsque l’Opération a pris fin, sans être remplacée par une autre mission de sauvetage, nous avons enregistré une hausse du nombre de départs de migrants depuis la Libye, et malheureusement, aussi une augmentation du nombre de décès en mer », a déclaré Federico Soda, chef de mission de l’OIM pour la Méditerranée.

Et d’ajouter : « l’intervention des navires de sauvetage, l’excellent travail et les efforts combinés des ONG déployés dans la Méditerranée centrale ont été essentiels pour sauver des milliers de vies. »

Les ONG sont arrivées sur le terrain en 2014, tout d’abord avec la Migration Offshore Aid Station (MOAS) qui a commencé à patrouiller dans les eaux entre la Libye et l’Italie, menant à bien ses premières opérations de sauvetage. La présence d’ONG dans la Méditerranée centrale s’est ensuite prolongée en 2015 puis en 2016, grâce aux interventions d’organisations comme Médecins Sans Frontières (MSF), SOS Méditerranée, Jugend Retter, Proactiva Open Arms, Save the Children, Sea Watch et Boat Refugee.

Flavio Di Giacomo, porte-parole de l’OIM à Rome, a rapporté que les opérations de recherche et de sauvetage les plus poussées dans la Méditerranée actuellement ont lieu dans les eaux libyennes et sont menées à bien par les nombreuses ONG qui patrouillent dans la Méditerranée centrale avec leurs navires. La deuxième plus grande entité de sauvetage en mer est le Service des garde-côtes italiens avec ses navires de sauvetage sous l’opération Triton. Vient ensuite les navires de l’EUNAVFOR MED et enfin les navires commerciaux qui sont parfois appelés à l’aide pour secourir des migrants à bord d’embarcations à la dérive ou en perdition.

M. Di Giacomo a déclaré qu’en 2016 seulement, parmi le 181 436 migrants secourus et amenés en lieu sûr en Italie, les ONG ont sauvé 49 796 vies. La Marine italienne a secouru 36 084 migrants, suivie des garde-côtes italiens et des navires financés par Frontex (35 875 migrants secourus), l’EUNAVFOR MED (22 885 migrants secourus), l’Agence Frontex – excepté les navires italiens – (13 616 personnes secourues), les navires commerciaux (13 888) et enfin des navires militaires étrangers (7 404 migrants secourus).

Dans les premiers mois de 2017, les garde-côtes libyens ont également accru leurs activités de sauvetage par rapport à la même période l’année dernière. Leurs interventions, aidées par les sauvetages d’urgence menés à bien par des pêcheurs locaux, ont sauvé plus de 4 000 vies.

« Pointer du doigt les navires de sauvetage est fallacieux ; nous devons nous centrer sur les « facteurs d’incitation » qui continuent de pousser des milliers de migrants à quitter leurs terres », a déclaré M. Soda. « Nous devons nous centrer sur l’aggravation des conditions de vie en Libye, où un nombre croissant de personnes fuient pour échapper à la mort après avoir été la cible de la violence et de la maltraitance. »

Eugenio Ambrosi, Directeur régional de l’OIM pour l’UE basé à Bruxelles, a appuyé ces commentaires et a abordé le débat sur les allégations de connivence entre les ONG et les passeurs : « pour l’OIM, le débat doit revenir à l’essentiel : sauver des vies est la principale considération et la responsabilité de tous les acteurs concernés et nous craignons que cette priorité ne soir reléguée au second plan », a déclaré M. Ambrosi. « Les décès en mer atteignent des records cette année et montrent que quelque chose ne va pas. »

Et d’ajouter : « nous n’avons connaissance d’aucun cas avéré de connivence entre des passeurs et des ONG et nous pensons qu’il est inutile d’alimenter des perceptions qui font l’amalgame entre les intérêts des criminels qui cherchent à faire du profit et qui mettent en péril la vie des migrants et l’objectif des entités à but non lucratif qui cherchent avant tout à sauver des vie en mer. »

« Toutefois, nous ne sommes pas naïfs. Les passeurs peuvent en effet profiter de la présence de navires de sauvetage des ONG qui se trouvent près des eaux libyennes. Cela ne constitue pas pour autant une complicité délibérée mais attire l’attention sur la nécessité de mieux définir le rôle et les règles des ONG et de l’UE dans l’objectif principal de faire en sorte que personne ne meure en mer. »

A travers le monde, le projet sur les migrants disparus fait état de 1 616 décès au 23 avril (voir tableau ci-dessous). La région méditerranéenne représente la plus grande proportion de décès, soit plus de la moitié du total. C’est néanmoins 637 décès de moins qu’à la même date en 2016. Toutefois, ces informations n’incluent pas toutes les données de l’Afrique du Nord et de la corne de l’Afrique, deux couloirs de migration où la collecte de données a tendance à être plus lente que dans d’autres régions.

Dernière infographie mise à jour dans la Méditerranée : http://migration.iom.int/docs/MMP/170425_Mediterranean_Update.pdf

 Pour consulter les dernières données sur les arrivées et les décès de migrants en Méditerranée, veuillez vous rendre sur : http://migration.iom.int/europe

Pour en savoir plus sur le Projet sur les migrants disparus : http://missingmigrants.iom.int

Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Joel Millman, OIM Genève, Tel: +41 79 103 8720, Email: jmillman@iom.int
Flavio Di Giacomo, OIM Italie, Tel: +39 347 089 8996, Email: fdigiacomo@iom.int
Sabine Schneider, OIM Allemagne, Tel: +49 30 278 778 17, Email: sschneider@iom.int
Saba Malme, OIM Yémen à Sana’a, Tel: + 967 736 800 329 (mobile), Email: smalme@iom.int
Alexandra Flessa, OIM Grèce, Tel: +30 210 99 12 174,  Email: aflessa@iom.int ou Daniel Esdras, Tel: +30 210 9912174, Email: iomathens@iom.int, ou Kelly Namia, Tel: +30 210 9919040, +30 210 9912174, Email: knamia@iom.int
Julia Black, OIM GMDAC à Berlin, Tel: +49 30 278 778 27, Email: jblack@iom.int
Abby Dwommoh, OIM Turquie, Tel. (Direct): +90 (0)312 454 3048,  Mobile: +90 (533) 698 7285, Email: adwommoh@iom.int ou Mazen Aboulhosn, Tel: +9031245 51202, Email: maboulhosn@iom.int
Othman Belbeisi, OIM Libye, Tel: +216 29 600389, Email: obelbeisi@iom.int  ou Christine Petré, Tel. (Direct):  +216 29 240 448, Email: chpetre@iom.int ou Ashraf Hassan, Tel: +216 29 794707, Email: ashassan@iom.int
Alberto Preato, OIM Niger, Tel: +227 8053 5933, E-mail: apreato@iom.int
Hicham Hasnaoui, OIM Maroc, Tel: + 212 5 37 65 28 81, Email: hhasnaoui@iom.int

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Florence Kim, OIM Genève, Tel: +41 79 103 03 42, Email: fkim@iom.int
Flavio Di Giacomo, OIM Italie, Tel: +39 347 089 8996, Email: fdigiacomo@iom.int