Communiqué
Global

Arrivées de migrants en Europe par la Méditerranée en 2018 : 15 289 ; décès en mer : 517

Genève - D’après l’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, 15 289 migrants et réfugiés sont arrivés en Europe par la mer pendant les 95 premiers jours de 2018, dont environ 44 pourcent en Italie et le reste réparti entre la Grèce (33%), l’Espagne (23%) et Chypre (moins de 1%).

A la même date en 2017, ils étaient 31 060 à aborder les côtes européennes, et 172 089 en mars 2016.

Flavio Di Giacomo, de l’OIM à Rome, a partagé jeudi des données publiées cette semaine en Italie concernant les 11 principaux pays d’origine des migrants (voir tableau ci-dessous).

D’après le Ministère italien de l’intérieur, le principal pays d’origine des migrants traversant la Méditerranée centrale cette année est l’Erythrée, avec 1 552 migrants, soit environ 25 pourcent des 6 161 hommes, femmes et enfants quittant l’Afrique du Nord par la mer. La Tunisie est deuxième de la liste en 2018, avec un peu moins de 1 200 migrants, suivie du Nigéria, du Pakistan, de la Libye, de la Côte-d’Ivoire, du Soudan, de la Guinée et du Sénégal - tous entre 200 et 500 arrivées. Le Mali et l’Algérie sont derniers de la liste avec tous les deux moins de 200 migrants.

Par rapport à la période 2015-2017, l’OIM remarque un changement distinct. Le Nigéria est le principal pays d’origine pour plus de 78 000 migrants depuis le 1er janvier 2015 bien que les trois quarts d’entre eux aient été recensés avant 2017.

De la même manière, une part importante de migrants en provenance du Sénégal (22 508), de Côte-d’Ivoire (25 917), du Soudan (24 712) et de Guinée (26 074) date d’avant 2017. Depuis le 1er janvier 2017, 68 484 migrants arrivés en Italie proviennent d’Erythrée, premier pays d’origine cette année. Mais plus de 60 pourcent sont arrivés avant 2017 (voir graphique ci-dessous).

En comparaison, 2017 et 2018 ont vu arriver une grande proportion de migrants d’Afrique du Nord - Algérie, Tunisie, Maroc et Libye. Parmi les quelque 8 000 Tunisiens ayant traversé la Méditerranée vers l’Italie depuis 2015, 6 000 sont arrivés depuis début 2017. Les chiffres du Soudan, qui comptait en moyenne 500 départs par mois en 2017 - et près de 800 en 2016 -, ont chuté cette année, passant sous la barre des 80 arrivées par mois en Italie. Le Bangladesh, qui recense plus de 22 000 départs entre janvier 2015 et janvier 2018 (soit plus de 600 par mois), compte cette année moins de 80 départs par mois.

Christine Petré, de l’OIM en Libye, a rapporté que samedi (31 mars), 80 migrants (tous des hommes) ont été rapatriés vers les côtes libyennes par les garde-côtes libyens. La plupart de ces migrants provenaient du Soudan, du Ghana, du Nigéria et du Maroc. Les migrants se trouvaient à bord d’un bateau pneumatique et tentaient d’atteindre l’Italie après avoir embarqué à Zouara.

L’OIM est arrivée au point de débarquement et a fourni des soins de santé primaire, une protection, de la nourriture, de l’eau et du jus de fruits. Les migrants ont été transférés vers le centre de détention de Tajoura où l’OIM a distribué de l’aide non alimentaire, des kits d’hygiène et des vêtements aux migrants concernés. Aucun cas d’urgence n’a été recensé et aucun corps n’a été repêché.

D’après l’OIM, à ce jour en 2018, 3 479 migrants ont été rapatriés en territoire libyen par les garde-côtes libyens. C’est 5 pourcent de plus qu’à la même période l’an dernier.

Christine Petré a également fait l’état des lieux des vols destinés au retour humanitaire volontaire qui ont quitté la Libye cette semaine : trois vols spécialement affrétés et un vol commercial ont rapatrié des migrants chez eux en Côte-d’Ivoire, en Sierra Leone et aux Philippines. Plus de 5 340 migrants de retour sont rentrés à bord de vols similaires depuis le 1er janvier et plus de 11 500 depuis la phase d’intensification débutée le 28 novembre 2017. Au moins 24 710 migrants sont rentrés chez depuis la Libye avec l’aide de l’OIM depuis le 1er janvier 2017.

D’après Kelly Namia, de l’OIM en Grèce, ces quatre derniers jours, les garde-côtes helléniques ont informé l’OIM d’au moins trois incidents ayant nécessité des opérations de recherche et de sauvetage au large des îles de Lesbos et de Chios. Les garde-côtes ont secouru 167 migrants et les ont transférés vers ces mêmes îles.

Cette année, Ana Dodveska de l’OIM en Espagne, fait état de 3 460 hommes, femmes et enfants secourus dans les eaux de la Méditerranée occidentale au 5 avril, contre 3 326 pour tout avril 2017. 

Plus récemment, 19 migrants ont péri lors de différents incidents en Méditerranée occidentale. Le 1er avril, les services de secours espagnols ont sauvé une personne et ont repêché quatre corps d’un bateau en perdition lors d’une opération de sauvetage dans le Détroit de Gibraltar. Le seul rescapé a raconté aux autorités que 12 migrants se trouvaient à bord lorsque le bateau a chaviré.

Le 2 avril, un autre corps a été repêché dans les eaux près de Barbate, à Cadiz : le bilan actuel du naufrage de dimanche s’élève à cinq morts et six disparus. Cette tragédie s’est produite seulement quelques jours après qu’un bateau transportant sept migrants a chaviré dans la même zone : d’après l’ONG espagnole Caminando Fronteras, sept hommes ont disparu le 29 mars dans les eaux entre le Maroc et l’Espagne. En outre, le corps d’un migrant a été retrouvé par des pêcheurs locaux près d’Al-Hoceima, au Maroc, le 1er avril. Pendant les trois premiers mois de 2018, 139 migrants ont péri ou disparu en tentant d’atteindre l’Espagne.

Dans la méditerranée, 517 migrants auraient trouvé la mort cette année, contre 804 à la même période en 2017. Il est important de se rappeler que ces trois dernières années, l’OIM a recensé 500 décès dans la mer Méditerranée avant la fin mars, une tendance constante même si le nombre total de décès et d’arrivées a fortement fluctué ces trois mêmes années.

En 2016 - année la plus meurtrière de l’histoire - l’OIM a recensé plus de 5 000 décès de migrants irréguliers dans la Méditerranée, et plus de 362 000 arrivées. En 2017, le nombre total de décès a chuté, passant sous la barre des 3 000, et comptant un peu plus de 170 000 arrivées au total. En bref, même si les décès et les arrivées ont fortement baissé entre ces deux années, les premiers trimestres des deux années étaient très similaires.

Enfin, c’est seulement en 2014 - première année durant laquelle l’OIM a enregistré les mouvements quotidiens de migrants dans la Méditerranée - que la barre des 500 décès n’a pas été atteinte pendant les 100 premiers jours de l’année. Cette année-là, il a fallu atteindre la mi-juin (27) pour que le Projet sur les migrants disparus ne recense sa 500ème victime. Pendant le deuxième semestre, plus de 2 500 décès ont été enregistrés.

Il est également important de noter que la barre des 500 a été dépassée cette année malgré la chute du nombre d’arrivées. C’est le cas même en Espagne, qui avait vu croître rapidement le nombre d’arrivées et de décès en Méditerranée occidentale pendant le deuxième semestre 2017 mais dont les chiffres pendant le premier trimestre de 2018 étaient presque identiques à ceux de 2017. Cette année-là, 224 hommes, femmes et enfants s’étaient noyés en tentant d’atteindre l’Espagne.

Cette année, ce sont déjà 140 migrants irréguliers qui ont trouvé la mort en tentant d’atteindre l’Espagne, soit environ les deux tiers du total de 2017, alors qu’il reste encore 9 mois avant la fin de l’année. L’explication de cette multiplication par trois du nombre de décès sur cet itinéraire ne s’explique pas par une hausse correspondante du nombre d’arrivées.

C’est également le cas en Italie, où environ 360 décès ont été recensés sur l’itinéraire de la Méditerranée centrale pendant les 100 premiers jours de l’année. C’est moins de la moitié du total de 2017 pendant la même période. Ceci dit, les arrivées de 2018 sont légèrement plus nombreuses que celles du premier trimestre 2017, ce qui signifie que même si le nombre de morts est plus faible, le ratio noyades/arrivées est en réalité beaucoup plus élevé qu’à la même période l’an dernier.

Il est donc difficile de faire des prédictions pour les neuf prochains mois de 2018.

A travers le monde, le Projet de l’OIM sur les migrants disparus fait état de 871 décès et disparitions de migrants en 2018, contre 1 420 en date du 4 avril 2017 (voir tableau ci-dessous). 

Plusieurs décès ont été enregistrés dans d’autres régions depuis la semaine dernière. Ces derniers jours, 43 migrants et réfugiés sont morts dans des accidents de la route à travers le monde. Dans la corne de l’Afrique, un tragique accident de la route s’est produit en Tanzanie le 29 mars, faisant huit morts, dont six réfugiés, un membre de l’équipe de l’OIM et un citoyen tanzanien. L’accident a eu lieu près de la ville de Ngara et s’est produit pendant le transport de 515 Burundais rapatriés volontairement par un convoi de bus affrété par l’OIM.

En Thaïlande, l’incendie d’un bus transportant des migrants depuis le Myanmar a fait 20 morts, dont 18 femmes, le 30 mars. Cet accident s’est produit dans la province de Tak, à l’ouest de la Thaïlande, le long de la frontière avec le Myanmar. A la frontière turco-arménienne, un minibus transportant des migrants originaires d’Afghanistan, du Pakistan et d’Iran a subi un accident dans la province d’Igdir, à l’Est de la Turquie, tuant 17 personnes.

Au Mexique, un homme est mort après être tombé d’un train de marchandises près d’Escárcega, dans l’Etat mexicain de Campeche. En outre, le MMP a reçu, cette semaine, des données du Bureau du médecin légiste du Comté de Pima, en Arizona, pour le mois de mars : les corps de huit migrants ayant perdu la vie en tentant de traverser la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique ont été retrouvés à plusieurs endroits dans le Comté de Pima, le mois dernier.

Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Joel Millman, OIM Genève, Tel : +41.79.103-8720, Email : jmillman@iom.int    
Mircea Mocanu, OIM Roumanie, Tel :  +40212115657, Email : mmocanu@iom.int   
Dimitrios Tsagalas, OIM Chypre, Tel : + 22 77 22 70 ; E-mail : dtsagalas@iom.int   
Flavio Di Giacomo, Bureau de coordination de l’OIM pour la Méditerranée, Italie, Tel : +39 347 089 8996, Email : fdigiacomo@iom.int 
Hicham Hasnaoui, OIM Maroc, Tel : + 212 5 37 65 28 81, Email : hhasnaoui@iom.int   
Kelly Namia, OIM Grèce, Tel : +30 210 9919040, +30 210 9912174, Email : knamia@iom.int     
Julia Black, OIM GMDAC à Berlin, Tel : +49 30 278 778 27, Email : jblack@iom.int
Christine Petré, OIM Libye Tel :  +216 29 240 448, Email : chpetre@iom.int    
Ana Dodevska, OIM Espagne, Tel : +34 91 445 7116, Email : ADODEVSKA@iom.int  
Myriam Chabbi, OIM Tunisie, Tel :  +216 28 78 78 05, Mobile : +216 71 860 312 Ext. 109, Email : mchabbi@iom.int