Communiqué
Global

Arrivées de migrants en Europe par la Méditerranée en 2019 : 4 883 ; décès en mer : 203

Genève - D’après l’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, 4 883 migrants et réfugiés sont entrés en Europe par la mer pendant les 20 premiers jours de 2019, soit une légère hausse par rapport aux 4 446 qui étaient arrivés pendant la même période l’an dernier. Près de trois semaines après le début de l’année, 203 décès ont été recensés le long des trois principaux itinéraires méditerranéens, contre 201 à la même période en 2018. 

A cette même date en 2017, 3 156 migrants irréguliers ou réfugiés avaient débarqué en Grèce, en Espagne ou en Italie après avoir traversé la Méditerranée, et l’OIM avait enregistré 228 décès au total. 

Voir tableau 1

Néanmoins, d’après le Projet de l’OIM sur les migrants disparus (MMP), le mois de janvier 2019 enregistre, pour la quatrième année consécutive, au moins 200 migrants irréguliers et réfugiés morts noyés en tentant d’atteindre l’Europe via l’un des itinéraires de la Méditerranée. Le pire mois de janvier était celui de 2016, lorsque 370 personnes ont péri pendant le mois. Le nombre de décès a ensuite diminué - passant à 254 puis 243 en 2017 et 2018 respectivement - et pourrait encore baisser ce mois-ci en fonction de ce qu’il se passera pendant les 10 prochains jours.

La dernière fois qu’un mois de janvier enregistrait moins de 200 noyades était en 2015, lorsque 82 migrants avaient trouvé la mort. En janvier 2014, l’OIM avait enregistré seulement 12 décès de migrants dans la Méditerranée.

La tragédie s’est poursuivie le week-end dernier : plusieurs dizaines de personnes ont perdu la vie lors de naufrages dans la Méditerranée.

Le 17 janvier, un bateau transportant 54 personnes (dont trois femmes) a chaviré dans la mer d’Alborán, dans les eaux entre le Maroc et l’Espagne. Le bateau était parti de Nador, au Maroc, cinq jours auparavant et bon nombre de ses passagers provenaient d’un seul et même district du sud-est de la Mauritanie. Deux ONG espagnoles ont reçu des appels de détresse sur deux de leurs numéros d’urgence peu après le départ. Les opérations de recherche et de sauvetage menées par les services de secours espagnols et marocains n’ont toutefois pas permis de localiser le bateau.

Un seul rescapé a été secouru par un pêcheur marocain le 17 janvier et a été hospitalisé au Maroc. Le personnel de l’ONG espagnole Caminando Fronteras s’est entretenu avec lui à l’hôpital et il a confirmé la noyade tragique de ses 53 compagnons de voyage. Aucun corps n’a été retrouvé.

Le lendemain (18 janvier), trois hommes ont été secourus d’un bateau en perdition à environ 80 kilomètres au large de la Libye par un hélicoptère de la Marine italienne et ont été amenés à Lampedusa, en Italie. Le personnel de l’OIM s’est entretenu avec les trois rescapés, qui ont déclaré que le bateau transportait 120 personnes. D’après leur témoignage, l’OIM estime que 117 personnes sont portées disparues et présumées mortes noyées avant que les services de secours ne leur parviennent. D’après les survivants, 10 femmes, dont une enceinte, et deux enfants se trouvaient à bord.

D’après l’OIM en Libye, le 20 janvier, les garde-côtes libyens ont repêché deux corps et arrêté 141 personnes à bord d’un bateau au large de Tripoli. Les rescapés ont déclaré avoir passé deux jours en mer avant d’être interceptés et bon nombre d’entre eux nécessitaient des soins médicaux.

Dans la Méditerranée orientale, les garde-côtes helléniques ont repêché le corps d’un homme de 23 ans au large de l’île grecque de Farmakonisi, le 18 janvier. Selon l’ONG Alarm Phone, il voyageait au sein d’un groupe de 53 personnes, dont sept femmes et dix enfants, qui ont affirmé à l’ONG qu’il était tombé par-dessus bord peu avant leur arrivée sur l’île.

OIM Italie

D’après Flavio Di Giacomo, de l’OIM en Italie, en date du 20 janvier, 155 migrants sont arrivés par la mer en Italie, selon le Ministère italien de l’intérieur. Le mois de janvier 2019 est en passe d’être le moins chargé de ces trois dernières années en termes d’arrivées. Flavio Di Giacomo a ajouté que le navire de l’ONG « Sea-Watch3 » a secouru 47 migrants samedi dernier. On ne sait toujours pas où le bateau recevra l’autorisation de débarquer.

Lundi, l’OIM à Rome a communiqué de nouvelles informations sur ce que les rescapés du naufrage de vendredi au large de la Libye ont dit au personnel de l’OIM qui a recueilli leur témoignage à Lampedusa.

Les migrants ont raconté au personnel de l’OIM qu’ils avaient été amenés dans deux bâtiments séparés décrits comme des « hangars » avant leur départ : dans l’un d’eux, les trafiquants avaient regroupé une centaine de personne de nationalité, d’âge et de sexe différents ; dans l’autre, seulement 23 hommes adultes soudanais. Quelques heures seulement avant le départ, le second groupe a rejoint les autres mais seules 120 personnes ont été autorisées à monter à bord. Les rescapés ont supposé que les huit personnes restées à terre - toutes originaires de Côte-d’Ivoire - n’avaient pas assez d’argent pour la traversée.

Depuis le hangar, les 120 migrants ont marché vers la plage, guidés par six hommes libyens. Les trois rescapés ont également rapporté à l’OIM que leur embarcation de 12 mètres de long, qui était parti directement de la plage et non d’un ponton, a commencé à prendre l’eau après environ 10-11 heures de navigation en raison des hautes vagues.

A un moment donné, lorsqu’un migrant qui dirigeait le bateau a pris un téléphone pour appeler de l’aide, les rescapés ont fait part de l’agitation et d’une vague de désordre qui se sont rapidement propagées parmi les migrants à bord, qui craignaient un retour en Libye. Ils ont déclaré qu’ils préféraient mourir.

L’OIM a confirmé, lundi soir, qu’un navire de marchandises sierra-léonais, le Lady Sham, avait rapatrié 144 migrants secourus en Libye. Le point et le jour de départ de ces personnes restent obscurs. Le personnel de l’OIM a recensé 26 femmes et quatre enfants parmi les personnes secourues et amenées dans un centre de détention à Misurata. Le personnel de l’OIM surveille leur état et évalue leurs besoins.

Pour l’OIM, l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières était un moment historique dans la recherche d’une coopération internationale en matière de migration au profit de tous. Le Pacte mondial sur les migrations, qui est fondé sur les principes de migration sûre, ordonnée et régulière, peut et doit être le fondement du partage des responsabilités pour faire face aux problèmes de migration irrégulière, en particulier pour la crise dans la Méditerranée qui entre aujourd’hui dans sa septième année.

« En attendant que la Libye soit considérée comme un port sûr où la protection est garantie, les gouvernements doivent établir un mécanisme de débarquement sûr et ordonnée dans la Méditerranée centrale », a déclaré Federico Soda, Directeur du Bureau de coordination de l’OIM pour la Méditerranée à Rome.

OIM Espagne

D’après Ana Dodevska, de l’OIM en Espagne, en date du dimanche 20 janvier, 3 429 hommes, femmes et enfants sont arrivés ce mois-ci en tant que migrants irréguliers, soit plus que les 1 400 migrants recensés pour tout le mois de janvier l’an dernier. Pendant cette période, les arrivées de migrants irréguliers par la mer en Espagne représentent 70 pour cent de toutes les arrivées de ce type via la Méditerranée. En outre, ce total dépasse celui de toutes les arrivées de ce type en Espagne pendant les trois premiers mois de 2018, période durant laquelle l’OIM avait recensé 3 369 arrivées de migrants irréguliers par la mer en Espagne (voir tableau 2).

OIM Grèce

D’après Christine Nikolaidou, de l’OIM en Grèce, entre vendredi (18 janvier) et lundi, les garde-côtes helléniques ont fait état d’au moins trois incidents ayant nécessité des opérations de recherche et de sauvetage au large de l’île de Farmakonisi et du port d’Alexandroúpolis. Les garde-côtes ont secouru 78 migrants et les ont transférés vers ces deux endroits.

Ces 78 arrivées faisaient partie des 469 enregistrées par l’OIM entre le 17 et le 20 janvier et portent à 1 166 le nombre total d’arrivées par la mer en Grèce cette année (voir tableau 8.b).

*Données non officielles recueillies par l’OIM en Grèce et les autorités grecques.​

L’OIM en Grèce a également fourni de nouvelles données sur la répartition des principales nationalités des migrants irréguliers interceptés par les autorités grecques alors qu’ils tentaient d’entrer dans les eaux grecques depuis la Turquie et ailleurs (voir tableau ci-dessous). Voici les conclusions de l’an dernier : même si les interceptions en mer ont augmenté de près de 3 000 hommes, femmes et enfants (passant de 29 884 à 32 742), de nombreux pays d’origine habituels ont montré un fort déclin.

Par exemple, le nombre d’arrivées de Syriens était passé de 12 311 en 2017 à 7 697 en 2018. Dans le même temps, le nombre d’Afghans, qui ont remplacé les Syriens en tant que principale nationalité d’origine le long de cet itinéraire en 2018, a presque triplé - passant de 3 491 à 9 601 - tandis que le nombre d’Iraquiens, troisième nationalité d’origine en 2017 et 2018, est resté notablement similaire : 5 818 en 2017 et 5 893 en 2018.

Les nationalités qui ont montré une nette augmentation de leur nombre de migrants sont le Cameroun, la Somalie, la Turquie et la Palestine, dont les migrants ont tous plus que doublé d’une année à l’autre, et le Yémen, dont le nombre de migrants a augmenté d’environ 70 pour cent. Les nationalités dont les chiffres ont baissé sont la République islamique d’Iran, le Pakistan et l’Algérie.

Voir tableau 13

Comme pour les années passées, quelques migrants isolés empruntent la mer Egée comme pont vers l’Europe mais ils sont souvent très peu nombreux. En 2018, neuf Haïtiens ont été arrêtés alors qu’ils tentaient cette traversée, tout comme 16 ressortissants de République dominicaine, 16 ressortissants du Myanmar, 15 du Népal, six de Colombie et trois du Zimbabwe.

Projet de l’OIM sur les migrants disparus

En 2019, à travers son Projet sur les migrants disparus (MMP), l’OIM s’emploie à recenser systématiquement les décès le long d’itinéraires migratoires à travers le monde pour la cinquième année consécutive. Depuis début 2014, le Projet a enregistré 30 602 décès de migrants. Toutefois, compte tenu des difficultés à recueillir des informations sur ces personnes et sur ce qui leur est arrivé, le nombre réel de décès de migrants est probablement bien plus élevé.

A ce jour en 2019, le MMP a signalé le décès de deux hommes à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Le 16 janvier, un Mexicain de 28 ans a été emporté par le courant du Rio Grande alors qu’il tentait de traverser depuis la ville mexicaine de Díaz Ordaz, dans l’Etat de Tamaulipas, vers La Joya, au Texas. Le même jour, un peu plus au nord, le corps d’un Mexicain de 37 ans a été répêché du Rio Grande par les autorités de la protection civile mexicaines près de Jiménez, dans l’Etat de Coahuila. Habitant Ciudad Acuña, il avait été porté disparu par sa famille en décembre 2018.

Les données du Projet sur les migrants disparus sont recueillies par le personnel de l’OIM basé à son Centre mondial d’analyse des données sur la migration mais proviennent de sources diverses, dont certaines ne sont pas officielles. Pour en savoir plus sur la manière dont sont recueillies les données sur les décès et disparitions de migrants, cliquez ici (en anglais).

Voir tableau 3.b

Voir décès de migrant enregistré par région

Pour connaître les dernières informations sur les arrivés et décès dans la Méditerranée, cliquez ici (en anglais). Pour en savoir plus sur le Projet sur les migrants disparus, cliquez ici (en anglais).

Voir les contacts ici.