Communiqué
Global

Arrivées de migrants en Europe par la Méditerranée en 2020 : 16 724 ; décès en mer : 256

Genève - Selon l’OIM, au cours des près de quatre premiers mois de 2020, 16 724 migrants et réfugiés sont entrés en Europe par la mer, soit une hausse de 16 pour cent par rapport aux 14 381 arrivés à la même période l'an dernier. Près de la moitié des arrivées ont eu lieu en Grèce, principale destination cette année.

En date du 22 avril, les décès enregistrés le long des trois principaux itinéraires de la Méditerranée s'élèvent à 256 hommes, femmes et enfants, contre 425 pendant la même période en 2019 (voir graphique ci-dessous).  

Flavio Di Giacomo, de l’OIM en Italie, a fait état de la présence de 34 migrants à bord du navire de sauvetage « Aita Mari », qui ont rejoint 146 migrants transférés depuis un autre navire de sauvetage, le « Alan Kurdi », pour être mis en quarantaine à bord du ferry « Rubattino », au large des côtes de Palerme. Il a déclaré que les migrants devraient passer plusieurs jours en quarantaine et a ajouté que, selon les médias, tous les migrants et l'équipage à bord ont été testés négatifs à la COVID-19.

D’après Ana Dodevska, de l’OIM en Espagne, 4 856 migrants et réfugiés sont entrés dans les eaux espagnoles en provenance d'Afrique en 2020 ; près de la moitié d'entre eux, soit 1 810, ont emprunté l’itinéraire de l'Afrique de l’Ouest vers les îles Canaries plutôt que vers le continent européen. En comparaison, 2 557 migrants étaient arrivés aux Canaries en 2019 et 1 307 en 2018.

Le Projet de l'OIM sur les migrants disparus (voir ci-dessous) a également indiqué que jusqu'à la semaine dernière (15 avril), 1 781 personnes sont arrivées aux Canaries à bord de 61 bateaux. Au cours de la même période en 2019, 181 personnes étaient arrivées à bord de 20 bateaux.

L'OIM en Grèce a rapporté jeudi (23/04) que 39 débarquements de migrants irréguliers ont eu lieu ce mois-ci, ce qui semble être le total mensuel le plus bas sur l’itinéraire de la Méditerranée orientale depuis le début de l'urgence migratoire en mer en 2013.

Tous ces débarquements ont eu lieu en un seul jour, le 1er avril, à un seul endroit : l'île de Lesbos. Aucun autre débarquement ou sauvetage en mer n'a eu lieu dans la mer Égée au cours des trois dernières semaines, une absence surprenante et, selon l'OIM, sans précédent pendant cette période.

Lanna Walsh, de l'OIM en Turquie, a indiqué qu'à partir du mois d'avril, les statistiques des garde-côtes turcs ont commencé à montrer une diminution du nombre de migrants tentant de traverser la mer Égée. Les directives nationales de confinement interdisent à quiconque de voyager entre les provinces sans lettre d'autorisation. Pendant les week-ends, les gens sont tenus de rester chez eux. Tous les habitants, y compris les migrants et les réfugiés, doivent respecter ces mesures strictes, ce qui rend presque impossible tout mouvement vers les zones frontalières.

Jeudi également, Erini Axarli, de l'OIM Grèce, a partagé des données sur les nationalités des migrants irréguliers enregistrés par les autorités grecques au cours des trois premiers mois de 2020. Sur les 7 441 migrants irréguliers arrivés au cours de cette période, 2 946 venaient d'Afghanistan, soit 40 pour cent du total. Les autres groupes principaux sont les Syriens (1 847), les Somaliens (450) et les ressortissants de République démocratique du Congo (450), dépassant les groupes précédemment plus nombreux tels que les Iraquiens (333) et les Iraniens (196). Les Territoires palestiniens (285), le Congo (272) et le Cameroun (144) comptent encore de nombreux migrants. Quelques citoyens d'États plus petits et beaucoup plus éloignés continuent d'arriver par cet itinéraire, notamment en provenance de Gambie (55), de Guinée (26), du Ghana (39), du Mali (20), du Sénégal (21), de Sierra Leone (23) et du Togo (19). Entre janvier et fin mars, 10 migrants ont été recensés en provenance de République dominicaine et d'Haïti.

Projet  sur les migrants disparus

En 2020, pour la septième année consécutive, l’OIM s’efforce d’enregistrer les décès le long des itinéraires migratoires à travers le monde grâce à son Projet sur les migrants disparus. Depuis janvier 2014, le projet a enregistré les décès de 37 219 personnes, dont 757 cette année, en date du 22 avril.

Le Projet sur les migrants disparus (MMP) n'a pas encore enregistré d’incident lié à la COVID-19 concernant des migrants se dirigeant vers une destination internationale. Néanmoins, étant donné que les migrants en transit courent un risque élevé de contracter le virus, cela n'exclut pas cette possibilité en raison des limitations d'accès à des moyens de transport sûrs et des difficultés d'accès aux services de santé pendant leur périple.

Les mesures de santé publique de base, telles que la distanciation sociale, l'hygiène des mains et l'auto-isolement, peuvent également être très difficiles à respecter. Il est certain que des migrants à travers le monde sont décédés après avoir été contaminés par la COVID-19 dans des centres d'accueil, des camps de réfugiés ou dans leur pays de résidence. Cependant, ces décès ne sont généralement pas inclus dans la base de données du MMP.

Dans la Méditerranée, 12 personnes ont perdu la vie après s’être retrouvées bloquées à bord d’une embarcation pneumatique entre la Libye et Malte pendant le week-end de Pâques. Elles sont parties de Qarapoli, en Libye, le 9 avril, au sein d’un groupe de 63 personnes. Dans la nuit du 10 au 11 avril, ils ont lancé un appel de détresse à l'ONG Alarm Phone. Près de quatre jours plus tard, le 14 avril, un navire de pêche a secouru les personnes à bord, à 20 miles marins au sud de Lampedusa, dans la zone SAR maltaise. Les sauveteurs ont découvert les corps de cinq hommes. Les rescapés - 40 hommes, huit femmes et trois enfants - tous érythréens et soudanais, ont été renvoyés en Libye le 15 avril. Au total, 12 personnes ont perdu la vie lors de l'incident. Les survivants ont indiqué que sept d'entre eux s'étaient noyés au moment du sauvetage ; cinq sont mortes de déshydratation en mer. Tous étaient des hommes : 11 Érythréens et un Éthiopien.

Le long de l’itinéraire de l'Afrique de l'Ouest, deux bateaux partis des côtes d'Afrique du Nord depuis fin mars n'ont jamais atteint leur destination. Le 27 mars, un bateau avec 28 personnes à bord a chaviré au large des côtes de Dakhla. Sept personnes ont survécu et ont été secourues par un bateau de pêche - une femme est morte peu après avoir été secourue. Selon les témoignages des rescapés, 21 personnes sont portées disparues.

Le 3 avril, 41 personnes ont perdu la vie à 24 km des côtes de Tan-Tan, au Maroc. Leur bateau a quitté le sud du Maroc avec 62 personnes à bord (36 hommes, 22 femmes et 4 enfants). Après avoir reçu des appels de détresse, l'ONG espagnole Caminando Fronteras a alerté les équipes de secours espagnoles, mais au lorsque les autorités marocaines sont arrivées sur place, deux femmes étaient mortes et 39 migrants étaient portés disparus.

En Afrique subsaharienne, 64 Éthiopiens sont morts dans un conteneur alors qu'ils se rendaient en Afrique du Sud le 24 mars. Leurs corps ont été retrouvés lorsque le camion dans lequel ils étaient cachés a été arrêté à un point de contrôle à Tete, au Mozambique. Au moins 70 personnes sont mortes en migrant au Mozambique depuis 2015, comme le montre le projet sur les migrants disparus. La plupart étaient des Éthiopiens à destination de l'Afrique du Sud.

Dans les Amériques, ce mois-ci, quatre personnes sont mortes dans des accidents de train distincts. Malgré le danger, ce moyen de transport continue d'être largement utilisé par les migrants qui traversent le Mexique. Au moins neuf migrants se sont noyés dans le Río Grande alors qu'ils tentaient de passer aux États-Unis, tandis que les corps de deux autres migrants ont été retrouvés au Texas. Plus au sud, en Colombie, trois migrants vénézuéliens (une femme et deux hommes) ont été assassinés alors qu'ils cherchaient à passer la nuit dans la municipalité de Puerto Asís, à Putumayo. Les ONG locales ont averti qu'à Puerto Asís, les affiches xénophobes menaçant les Vénézuéliens étaient monnaie courante.

Les données de l’OIM sur les migrants disparus sont recueillies par le personnel de l’OIM basé à son Centre mondial d’analyse des données sur la migration mais proviennent de sources diverses, dont certaines ne sont pas officielles. Pour en savoir plus sur la manière dont sont recueillies les données sur les décès et disparitions de migrants, cliquez ici. Le rapport intitulé Fatal Journeys Volume 4, publié le 28 juin 2019, comprend un aperçu des données du Projet sur les migrants disparus sur cinq ans (2014-2018) et une actualisation sur ce que l’on sait des décès pendant la migration en 2019.

Pour consulter les dernières informations sur les arrivées et décès de migrants dans la Méditerranée, cliquez ici. Pour en savoir plus sur le Projet sur les migrants disparus, cliquez ici.

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