Communiqué
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Des changements de carrière aident les déplacés ukrainiens à survivre - nouvelle étude de l’OIM

Former SEO specialist Nataliia became a successful craftswoman. Photo: IOM/Volodymyr Shuvayev

Kiev - Un joueur de trompette devenu grimpeur industriel et une spécialiste des technologies qui produit désormais des chaussures en feutre - le conflit et la crise économique en Ukraine pousse les habitants à faire des choix inattendus pour gagner leur vie.

C’est ce qu’a révélé une nouvelle étude de l’OIM sur le déplacement, présentée cette semaine (10/10) à Kiev.

Six ans après, le conflit à l’est du pays a déplacé plus de 1,4 million de personnes. La plupart d’entre elles ont trouvé un travail rémunéré et bien que seuls sept pour cent de la population déplacée économiquement active ait un emploi, plus de la moitié de ceux qui ont trouvé un emploi n’ont pas pu le faire avant un an ou plus. Bon nombre ont dû faire des changements de carrière drastiques pour survivre.

Maksym jouait de la trompette dans l’Orchestre philarmonique de Kharkiv, mais le salaire ne suffisait pas à satisfaire ses besoins. Retourner dans sa ville natale de Hirnyk dans la région de Donestk n’est pas envisageable en raison du manque de travail et de l’insécurité générale dans la zone touchée par le conflit. Maksym aimait l’alpinisme, il a donc décidé de tenter sa chance en tant que grimpeur industriel. Après avoir reçu des équipements de sécurité pour grimpeur de la part de l’OIM, il peut désormais peindre et réparer les bâtiments.

Nataliia est arrivée à Kharkiv depuis Donetsk où, jusqu’en 2014, elle gagnait bien sa vie en tant que développeur web, spécialisée dans l’optimisation des moteurs de recherche. Lorsqu’elle est arrivée à Kharkiv, elle ne connaissait personne, elle n’avait pas de travail et a dû louer un appartement et subvenir aux besoins de sa mère âgée et de sa fille qui souffre d’une maladie cardiaque.

Travailler la laine est devenue une solution pour Nataliia : d’abord en tant que thérapie, puis en tant qu’activité professionnelle. Nataliia a pris des cours pour améliorer ses compétences et l’OIM lui a fait don d’une machine à coudre professionnelle. Maintenant, elle produit des bottes, des chaussures et des chaussons en feutre, qu’elle vend à travers le monde sur internet.

La situation générale s’agissant du bien-être des déplacés internes reste compliquée. Un tiers des déplacés internes interrogés par l’OIM ont déclaré avoir juste assez d’argent pour la nourriture. Seuls 11 pour cent ont signalé avoir assez d’argent pour d’autres besoins essentiels et suffisamment pour épargner.

Le revenu moyen par membre d’un foyer de déplacés internes est passé de 2 667 hryvnias (environ 97 dollars) en mars à 3 039 hryvnias (environ 115 dollars) en juin 2019. C’est toutefois moins que la moyenne nationale ukrainienne de 4 895 hyrvnias (186 dollars) et du seuil de subsistance de 3 761 (143 dollars).

Environ 10 pour cent des déplacés internes sans emploi ont déclaré que lorsqu’ils avaient essayé de trouver un emploi, ils s’étaient retrouvés à travailler sans salaire ou dans des conditions pires que celles promises.

L’aide du gouvernement reste la deuxième source de revenu la plus fréquemment citée par les déplacés internes. Elle est d’une importance capitale pour la population de déplacés internes économiquement inactive : les retraités, les gérants de maison, les employés d’aide à la personne, les étudiants et les personnes handicapées.

« La réintégration des déplacés internes est l’une des priorités du gouvernement d’Ukraine », a déclaré Oksana Koliada, Ministre des affaires des vétérans, des territoires temporairement occupés et des déplacés internes, lors de la présentation du rapport de l’OIM. « La nouvelle étude de l’OIM nous aidera à identifier quel type de soutien et de services pour les déplacés internes nous devons garantir à court terme. »

Serhii Nizhynskyi, Ministre adjoint de la politique sociale d’Ukraine, a fait remarquer que le manque d’intégration des déplacés internes restait un défi. « Connaître les taux de chômage et comprendre les obstacles à l’emploi sont une condition préalable indispensable pour une intégration effective et pour lutter contre la traite d’êtres humains et l’exploitation », a-t-il déclaré.

L’OIM effectue des sondages nationaux sur la situation des déplacés internes en Ukraine depuis mars 2016. Dans le dernier en date, le 14ème, réalisé entre avril et juin 2019 avec le financement du Bureau de la population, des réfugiés et des migrations (PRM) du Département d’Etat américain, 2 401 personnes au total ont été interrogées en face à face et 4 073 par téléphone.

Le rapport intégral est disponible ici :
http://ukraine.iom.int/sites/default/files/nms_round_14_eng_web.pdf

Pour plus d’informations, veuillez contacter Varvara Zhluktenko, OIM Ukraine, Tel : +38 044 568 50 15, +38 067 447 97 92, Email : vzhluktenko@iom.int