Communiqué
Global

Des milliers de migrants d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale menacés par la fin d'un financement essentiel pour les interventions humanitaires

Dakar - L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) lance un appel de 100 millions d'euros pour continuer à fournir une protection d’urgence et une aide essentielle aux migrants vulnérables d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale le long des itinéraires de la Méditerranée centrale et occidentale, alors que le financement du Fonds fiduciaire de l'UE (EUTF) arrive à son terme. 

La fin imminente de ce programme vital et le manque de financement suscitent de vives inquiétudes quant au sort de dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants vulnérables, déclare le Directeur général de l'OIM, António Vitorino.

« Grâce à l'initiative conjointe UE-OIM, nous avons pu aider plus de 100 000 migrants qui auraient pu se retrouver en grand danger, dans des centres de détention, bloqués et laissés pour morts dans le désert, ou vivant dans des environnements extrêmement difficiles propices à la traite et au trafic, sans aucune alternative sûre pour améliorer leur vie et celle de leur famille », déclare le Directeur général de l'OIM.

« Nous craignons également que les progrès réalisés en termes de coopération régionale et internationale pour une meilleure gestion des migrations ne soient compromis ».

Lancée en décembre 2016 dans le cadre du Fonds fiduciaire d'urgence de l'UE pour l'Afrique, l'initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants rassemble 26 pays africains de la région du Sahel et du lac Tchad, de la Corne de l'Afrique et de l'Afrique du Nord, l'UE et l'OIM autour d'un objectif commun : faire en sorte que les migrations soient plus sûres, mieux éclairées et mieux gérées, tant pour les migrants que pour leurs communautés et les pays d'accueil.

Depuis son lancement, au moins 77 000 ressortissants d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale ont bénéficié d'une aide au retour volontaire et, parmi eux, quelque 68 000 ont reçu une aide essentielle à la réintégration, comprenant un soutien économique, des conseils, une aide en matière de santé mentale et un soutien psychosocial, adaptés à leurs besoins et à leurs vulnérabilités, afin de les aider à reconstruire leur vie. 

« De nombreux migrants n'ont pas les moyens financiers, logistiques et administratifs de rentrer chez eux lorsqu'ils souhaitent mettre un terme à leur périple », déclare Christopher Gascon, Directeur régional de l'OIM pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale. « Souvent, la seule option qui leur reste est de tenter la dangereuse traversée de la Méditerranée ». Le programme d'initiative conjointe a jusqu'à présent permis de fournir une aide vitale pour protéger des dizaines de milliers de personnes au cours des dernières années et a aidé les gouvernements à répondre aux défis de la gestion des migrations d'une manière qui place la sécurité et la dignité des personnes au centre ». 

Pendant la période la plus difficile de la crise de la COVID-19 en avril, un fonds a été créé et a aidé près de 5 000 migrants en leur fournissant des soins de santé, de possibilités de quarantaine et des couloirs humanitaires lorsque les canaux de mobilité étaient interrompus en pleine pandémie. 

Au moins 26 400 migrants bloqués ont été aidés dans le cadre du programme de l’OIM de recherche et de sauvetage dans le désert. Grâce au réseau de centres de transit au Niger, au Mali et au Burkina Faso le long des principaux couloirs migratoires, l'OIM a pu, au cours des quatre dernières années, intervenir rapidement et fournir une assistance en cas de besoin, sauvant ainsi des vies et offrant aux migrants des alternatives sûres et dignes. 

Au niveau des pays, la gouvernance de la réintégration a été renforcée par la mise en place ou le renforcement de groupes de travail et de comités techniques de réintégration afin de garantir que l'assistance soit adaptée aux besoins spécifiques et individuels des migrants de retour.

Une dimension transrégionale tenant compte des itinéraires a également permis à l'initiative conjointe UE-OIM d'améliorer la coordination entre les pays d'origine, de transit et de destination, par exemple grâce à une coopération consulaire renforcée. 

Le financement actuel de ces interventions humanitaires essentielles arrive à son terme et l'OIM devra commencer à supprimer progressivement l'aide aux migrants vulnérables après décembre 2020 en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale. 

Des ressources supplémentaires sont urgentes pour permettre la continuité de l’aide aux migrants, notamment pour la protection et l’aide directe. Les 100 millions d'euros demandés cibleront les migrants bloqués en Afrique du Nord et permettront de fournir une aide indispensable, de mener des opérations de recherche et de sauvetage vitales et d'apporter un soutien au retour et à la réintégration tout au long de 2021. 

« De nouveaux itinéraires souvent dangereux en direction l'Europe s'ouvrent ou sont réactivées en permanence, et nous assistons aujourd'hui à un nombre croissant de départs vers les îles Canaries. Cet itinéraire maritime a déjà coûté la vie à plus de 500 migrants cette année », ajoute Christopher Gascon l'OIM. 

L'appel permettra de fournir une aide directe et une aide au retour à plus de 12 500 migrants ainsi qu’un soutien à la réintégration à au moins 24 000 personnes de retour d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale, d'Afrique du Nord et d'Europe.

L'aide comprend également des opérations de recherche, de sauvetage et de secours humanitaire dans le désert du Sahara ainsi qu'une aide humanitaire après le débarquement le long de l’itinéraire de la Méditerranée occidentale. 

Le nouveau financement visera également à renforcer la capacité des pays d'origine, de transit et de destination à améliorer la gouvernance des migrations ainsi qu’à soutenir la gestion des données sur la migration et la sensibilisation des principales communautés d'origine. 

 

Pour plus d'informations, veuillez contacter :

À Genève : Safa Msehli, tél. : +41793045526. Email : smsehli@iom.int   

À Dakar : Aïssatou Sy, Tél : +221 77 479 21 41. Email : aisy@iom.int