Communiqué
Global

La traite des êtres humains du Nigeria vers l’Europe

En dépit de la transition démocratique au Nigeria, la
pauvreté, le crime, la corruption et la violence font partie
des facteurs fondamentaux qui conduisent la population à
quitter le pays. D’après le dernier rapport disponible
dans les Migration Research Series de l’OIM, les faibles
opportunités de travail rendent les jeunes femmes
particulièrement vulnérables à la traite
à des fins d’exploitation sexuelle.

Ce rapport, intitulé « Migration, Human
Smuggling and Trafficking from Nigeria to Europe »
(« Migration, traite d’êtres humains et
trafique du Nigeria vers l’Europe ») et qui
examine les facteurs à l’origine de la traite, les
nouvelles tendances et l’organisation des réseaux de
traite nigérians, indique que si les femmes sont de plus en
plus conscientes qu’elles seront exploitées
sexuellement à leur arrivée en Europe, elles ignorent
souvent dans quelles conditions elles seront exploitées.
Toujours d’après ce rapport, la plupart de ces femmes
s’endettent pour rallier l’Europe, et elles peuvent
devoir entre 40 000 et 100 000 dollars aux trafiquants.

Si la moitié des centaines de milliers de
Nigérians présents en Europe vit au Royaume-Uni,
l’Italie, premier pays de destination pour les
Nigérians victimes de la traite, accueille le second plus
important groupe de Nigérians. D’après les
estimations, les Nigérianes, qui représentaient un
quart des prostituées étrangères en Italie,
représentent aujourd’hui la moitié de ces
prostituées, et Turin est la première étape
pour nombre d’entre elles à leur arrivée en
Italie.

Les autres pays de destination sont les Pays-Bas,
l’Espagne, l’Allemagne, la Belgique et
l’Autriche. La France devient également un pays de
destination. La plupart des victimes de la traite sont originaires
de l’état d’Edo, dans le sud du pays, et la
ville de Benin City a été identifiée comme
étant un carrefour essentiel pour les migrations
liées à la prostitution.

Les dynamiques de la traite de Nigérians sont
également caractérisées par la création
d’un pacte liant deux parties qui se doivent de
l’honorer – la victime doit rembourser sa dette quelles
que soient les souffrances qu’elle devra endurer pour ce
faire, et le trafiquant doit permettre à sa victime de
gagner de l’argent une fois sa dette remboursée.
C’est cet élément qui différencie la
traite au Nigeria, puisque habituellement le recours à la
violence est une des caractéristiques de la traite.
Toutefois, si les victimes nigérianes ne coopèrent
pas, elles peuvent être victimes de violences et de rituels
coercitifs. Dans certains cas, la multiplication des efforts faits
en matière de lutte contre la traite en Europe et au Nigeria
ont conduit les trafiquants à recourir plus
fréquemment à la violence afin de contrôler les
victimes. Les victimes ont le sentiment que, si elles brisent ce
pacte, cela pourrait non seulement affecter leur santé
physique et mentale, mais que cela couvrirait également de
honte leur communauté au Nigeria.

Une autre caractéristique de la traite au Nigeria
réside dans le fait que la traite est essentiellement
organisée par les femmes, et que nombre d’entre elles
ont également été victimes de la traite. Les
femmes qui parviennent à s’acquitter de leur dette
sont libres de gagner leur vie. Elles rencontrent toutefois de
nombreuses difficultés pour trouver un travail en Europe qui
ne soit pas lié à la traite.

Pour de nombreuses familles, le fait que leur fille parvienne
à se rendre en Europe représente la seule
façon d’échapper à la pauvreté.
Nombre de femmes victimes de la traite sont les aînées
de leur famille, et se sentent responsables de leur famille. Si des
efforts ont été faits en matière de
sensibilisation au problème de la traite au Nigeria, on
constate que ces dernières années les trafiquants se
sont concentrés sur des zones rurales où les femmes
et les filles, plus pauvres, ont plus difficilement accès
à l’information et peuvent être facilement
influencées par des rites religieux.

Ce rapport, élaboré par l’International
Peace Research Institute (PRIO) en Norvège et financé
par le Ministère norvégien de la Justice et de la
Police, indique également les routes empruntées par
les trafiquants pour faire venir les migrants irréguliers en
Europe et identifie les structures floues du crime organisé
nigérian, élément clé de son
efficacité et de son intensification, le rendant plus
difficile à combattre.

Pour plus d’informations, veuillez contacter:

Jemini Pandya

OIM Genève

Tél. : + 41 22 717 9486

Mobile : + 41 79 217 3374

E-mail : "mailto:jpandya@iom.int">jpandya@iom.int 

Jorgen Carling

PRIO

Email : "mailto:Jorgen@prio.no">Jorgen@prio.no