Communiqué
Global

L’Australie aide Madagascar à lutter contre la traite des femmes

Antananarivo - « Je voulais juste rentrer chez moi », se souvient une femme malgache dans la capitale de la nation insulaire de Madagascar, qui se trouve au large des côtes du sud-est de l’Afrique. La traite des femmes vulnérables, en particulier pour les envoyer à l’étranger, est un gros problème ici, à l’instar de nombreux autres pays à faible revenu. 

Les aspects de ce problème sont tout aussi graves qu’ailleurs. Madagascar est à la fois un pays d’origine et de destination pour les victimes de traite. D’après une étude de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et ses partenaires, les femmes sont particulièrement vulnérables et sujettes à l’exploitation sexuelle et au travail forcé dans les services domestiques à l’intérieur du pays. Des milliers de femmes malgaches sont employées en tant que travailleuses domestiques au Liban, au Koweït et en Arabie saoudite. Des centaines de femmes malgaches sont envoyées par des personnes qui agissent en tant qu’agents de placement informels sous de faux prétextes de travail légal en Chine et les femmes se retrouvent exploitées pour le travail forcé et vendues pour le mariage. 

C’est pourquoi ce mois-ci (11 février), l’OIM a lancé un projet de six mois visant à promouvoir les droits de l’homme et à autonomiser les femmes malgaches victimes de traite. 

Les victimes de traite à Madagascar sont presque exclusivement des femmes (95% des victimes) et principalement de jeunes femmes (56% sont âgées de 29 ans ou moins). Lorsqu’elles sont identifiées, ces victimes montrent de graves signes de traumatismes physiques et psychologiques liés aux différentes formes d’exploitation qui constituent le crime de traite. Près de la moitié d’entre elles signalent des violences et abus sexuels ainsi que des difficultés économiques. 

Depuis le milieu des années 90, l’OIM et ses partenaires ont fourni une protection et une aide à près de 100 000 victimes de traite à travers le monde. L’OIM adopte une approche globale à la lutte contre la traite. A Madagascar, cet effort vient compléter le programme de soutien pluriannuel de l’OIM au gouvernement et aux organisations de la société civile visant à renforcer la réponse du système de justice pénale en centrant les enquêtes sur la victime et en poursuivant les cas de traite, en renforçant la coordination des interventions nationales de lutte contre la traite et en améliorant la collecte de données et le signalement. 

En 2018, à la demande de ses partenaires du gouvernement de Madagascar, l’OIM s’est associée aux acteurs de la société civile pour aider près de 140 femmes malgaches victimes de traite, soit une hausse de 400 pour cent par rapport à l’année précédente, un record du nombre de victimes aidées ici en une seule année. 

L’une d’elles était une femme qui se fait aujourd’hui appeler « Orchidée Rouge » et qui est devenue une bénéficiaire de l’OIM. L’an dernier, l’OIM l’a rapatriée de Chine à Madagascar, où elle a aussi reçu une aide à la réintégration. Son histoire est déchirante. 

« On m’avait promis un travail en Chine mais quand nous sommes arrivées, nous avons été vendues et mariées de force à des hommes chinois », raconte-t-elle. « J’ai été mariée à un homme chinois qui souffrait de troubles mentaux. La nuit, sa mère m’obligeait à avoir des relations sexuelles avec son fils. Elle me menaçait. Elle ne me laissait pas utiliser le téléphone ou acheter des vêtements si je ne le faisais pas. J’étais si loin de ma famille à Madagascar, je voulais juste rentrer chez moi. » 

Grâce à cette initiative financée par le gouvernement australien à travers son Programme d’aide directe, l’OIM fournira des soins d’urgence médicaux et psychosociaux et aidera à autonomiser les victimes de traite en leur octroyant des subventions qui couvriront leurs études ou formation professionnelle ou la création d’une activité génératrice de revenu. L’OIM aidera les acteurs de la lutte contre la traite et les fera participer à une table ronde de haut-niveau d’une journée pour contribuer à combler le manque d’expertise et de savoir-faire en matière de réintégration socioéconomique durable des femmes victimes de traite. 

« Nous sommes très reconnaissants de l’engagement de l’Australie et contents de voir que d’autres partenaires et amis de Madagascar se joignent à la lutte contre la traite des personnes à Madagascar », a fait remarquer Daniel Silva y Poveda, chef de mission de l’OIM à Madagascar. 

Pour plus d’informations, veuillez contacter Daniel Silva y Poveda, OIM Madagascar, Tel. +261 32 56 54 954, email : dsilva@iom.int