Communiqué
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Le DG Swing demande à la Libye de ne pas renvoyer les migrants en détention

Tripoli - William Lacy Swing, Directeur général de l’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations, a appelé les autorités libyennes à ne pas renvoyer en détention les migrants interceptés par les garde-côtes après avoir tenté de traverser la Méditerranée. L’OIM cherche également à accélérer le processus de retour volontaire des migrants dans leur pays d’origine.

« Durant ma rencontre avec le Premier ministre Fayez al-Sarraj, j’ai demandé que les migrants ramenés sur les côtes ou secourus par les garde-côtes ne soient pas placés dans des centres de détention », a déclaré l’Ambassadeur Swing. « Ceux qui souhaitent rentrer chez eux devraient être rapatriés rapidement et volontairement dans leur pays d’origine plutôt que de rester en détention. »

Avec le soutien de l’UE, la Libye a considérablement intensifié ses opérations de lutte contre le trafic de migrants cette année. Le nombre de migrants secourus ou interceptés par les garde-côtes libyens dans les eaux libyennes a fortement augmenté, s’élevant à près de 4 000 le mois dernier seulement. Pourtant, l’inquiétude demeure car les migrants sont envoyés en détention dans des centres souvent surpeuplés et mal surveillés.

« J’espère que ce changement de politique aura rapidement lieu car il est particulièrement cruel d’envoyer des migrants en détention, en particulier lorsque cela n’est pas nécessaire », a ajouté le DG Swing.

L’Ambassadeur Swing a remercié le Premier ministre de réfléchir à sa proposition de ne pas renvoyer les migrants en détention et de créer des centres séparés pour les femmes et les enfants détenus.

Il a également remercié le gouvernement d’avoir établi un groupe de travail sur la migration et a participé à une réunion de ce nouvel organe qui est composé des ministères gouvernementaux compétents et d’organisations internationales œuvrant en Libye. 

Lors de sa troisième visite en Libye depuis 2017, M. Swing a également demandé au Premier ministre du pays que des centres soient construits pour les femmes et les enfants et que des mesures soient mises en place pour que les familles restent ensemble.

Durant sa visite de deux jours dans le pays, le DG Swing a rencontré des migrants secourus et placés en détention. Il a également participé à une série de réunions avec des ministres du gouvernement pour plaider sa cause d’assouplir les conditions de détention et d’améliorer l’accès aux migrants pour les plus de 260 employés de l’OIM qui œuvrent à travers le pays. M. Swing a également rencontré des représentants de l’UE et d’autres organismes des Nations Unies et des diplomates accrédités qui s’inquiètent de l’impact politique et de la souffrance humaine découlant du trafic illicite de migrants vers l’Europe.

Bien que l’économie pétrolière de la Libye soit très affaiblie, le pays attire des migrants de toute l’Afrique subsaharienne et d’Asie, qui cherchent du travail ou qui veulent se rendre en Europe avec l’aide de passeurs.

Le nombre de migrants arrivés en Europe via la Libye cette année a considérablement diminué (passant de plus 85 000 pendant le premier semestre 2018 à quelque 16 700). Dans le même temps, plus de 1 000 migrants se sont noyés en tentant de traverser la mer vers l’Europe cette année. Depuis la mi-juin, quelque 489 migrants se seraient noyés non loin des côtes à plusieurs occasions tragiques.

L’Ambassadeur Swing s’est rendu dans le centre de détention de Tajoura où la plupart des migrants secourus pendant le week-end sont détenus. Il a parlé avec plusieurs détenus et a observé les conditions de détention.

Un homme de 25 ans originaire d’Afrique de l’Ouest, qui a été secouru en mer dimanche, a perdu sa femme et ses trois enfants dans le naufrage de leur embarcation surpeuplée. L’homme avait passé plusieurs années à travailler en tant que barbier en Libye mais avait décidé de tenter de fuir vers l’Europe après avoir été kidnappé et menacé, a-t-il raconté au personnel de l’OIM chargé de la protection.

Dans le centre, deux orphelins désemparés de 12 et 8 ans, originaires de Sierra Leone, se sont approchés de l’Ambassadeur Swing les larmes aux yeux. La plus grande a raconté comment sa mère était morte, les laissant livrés à eux-mêmes en Libye. Le personnel de l’OIM a contacté des membres de sa famille et cherche à réunir les enfants avec eux. 

M. Swing a déjà lancé de nombreux appels à la clémence envers les migrants tout en saluant les missions de sauvetage des garde-côtes.

Il s’agissait de la troisième visite de l’Ambassadeur Swing depuis 2016, qui a été le premier fonctionnaire de haut niveau à se rendre en Libye depuis la chute de Kadhafi en 2011. Ce pays gros producteur de pétrole dépend depuis longtemps des compétences des migrants pour faire fonctionner son économie, même si de nombreux migrants cherchant un moyen d’atteindre l’Europe peuvent être exploités dans des conditions terribles.

Dix-sept centres de détention dispersés à travers la Libye restent opérationnels, contre 54 l’an dernier. Certains sont supervisés par le gouvernement mais de manière très sommaire. Dans certains centres, des violations des droits fondamentaux des migrants sont signalés.

Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Leonard Doyle, porte-parole de l’OIM, Tel. +41 79 2857123, Email : Ldoyle@iom.int
Christine Petre, OIM Libye, Tel : + 216 29 240 448, Email : chpetre@iom.int