Communiqué
Global

Le nombre d’arrivées et de morts en mer Méditerranée monte en flèche

Italy - Le chef de mission de l’OIM en Libye, Othman Belbeisi, a annoncé aujourd'hui une nouvelle série de décès dans les eaux côtières du pays. « Nous attendons encore des précisions mais nous avons appris que 400 migrants étaient à bord de l'un des deux bateaux. Cent ont déjà été secourus, dont neuf femmes et des jeunes filles mineures », a expliqué M. Belbeisi.

Il a déclaré que les autorités libyennes, sous l'égide du Département de lutte contre la migration illégale du Ministère de l'intérieur, « s'attendaient à recevoir 150 autres survivants aujourd'hui. Les migrants restants sont toujours portés disparus en mer. » Le chef de mission de l'OIM en Libye a ajouté que le gouvernement libyen était mal équipé pour mener à bien les opérations de sauvetage en mer.

En collaboration avec un partenaire local, l'OIM a rencontré les premiers groupes de migrants secourus, qui ont été transférés vers le centre de Sobrata, à l'ouest de Tripoli, et a distribué des kits d'hygiène. M. Belbeisi a déclaré que l'OIM s'activerait toute la journée d’aujourd'hui (28 août) pour recueillir des informations sur la nationalité et l'âge des migrants.

Les équipes de l'OIM en Italie, qui citent les médias locaux, déclarent que des centaines de personnes auraient péri lors des deux naufrages, avec environ 500 migrants à bord. « Les garde-côtes libyens ont travaillé pendant la nuit de jeudi pour rechercher des survivants », a déclaré Flavio Di Giacomo de l’OIM. Il a rapporté qu'au moins 100 corps avaient été rapatriés vers un hôpital à Zuwara, à l'ouest de Tripoli.

M. Di Giacomo a déclaré que d'après les informations des médias libyens, les victimes comprenaient des migrants de Syrie, du Bangladesh et de plusieurs pays d'Afrique subsaharienne. Il a toutefois ajouté que ces informations ne pouvaient pas être vérifiées de manière indépendante.

Les dépouilles de cinq enfants, âgés de un à trois ans, faisaient partie des corps déjà repêchés, ainsi que ceux de six hommes et d'une femme. Zuwara est à l'épicentre de la crise migratoire du côté libyen avec plusieurs milliers de personnes qui fuient vers l'Europe depuis la Libye le long de sa côte de 120 km.

Plus de 2900 migrants ont été secourus mercredi dans le canal de Sicile par les garde-côtes italiens, la marine italienne, et par des navires internationaux patrouillant dans le cadre de l’opération Triton de l’Union Européenne (EU) Le « Phoenix » et le « Dignity I », ainsi que par des navires de secours financés par le secteur privé.

Les opérations de jeudi soir ont également permis de signaler plusieurs dizaines de décès, par noyade ou par asphyxie, portant le nombre total de migrants décédés en mer se dirigeant vers l'Europe à 2432 cette année. À cette date en 2014, le projet de l'OIM sur les migrants disparus avait estimé ce chiffre à 2081.

Tandis qu'il reste quatre jours pour terminer le mois, l'OIM estime qu'en août, environ 18 000 migrants sont arrivés en Italie depuis la Libye. Environ 400 migrants ont péri sur cet itinéraire jusqu’ici ce mois-ci, soit moins que les 474 migrants qui auraient péri dans la Méditerranée en août 2014.

Arrivées par la mer et décès dans la Méditerranée, 1er janvier – 27 août 2015

Pays d’arrivée

Arrivées

Décès

Italie

111 197 (estimation OIM)

2 326
(Itinéraire Méditerranée centrale)

Malte

94

Grèce

209 457*

83
(Itinéraire Méditerranée orientale)

Espagne

2166

23 
(Itinéraires Méditerranée occidentale et Afrique de l’Ouest)

Total estimé

322,914

2432

DONNÉES SUR LES DÉCÈS DE MIGRANTS RECUEILLIES PAR l’OIM. TOUS LES CHIFFRES SONT DES ESTIMATIONS MINIMUM. LE NOMBRE D’ARRIVÉES EST BASÉ SUR LES DONNÉES DES GOUVERNEMENTS RESPECTIFS ET LES BUREAUX DE L’OIM SUR LE TERRAIN.

Le « Poséidon », navire des garde-côtes suédois, a retrouvé 51 corps dans la cale d'un bateau qui transportait également 441 survivants. Les migrants ont probablement été asphyxiés par les fumées du moteur et n'ont pas réussi à sortir de la cale. Les corps retrouvés et les migrants secourus, ont été rapatriés hier soir (jeudi) à Palerme.

Lors d'un accostage qui s'est mal terminé mercredi soir à Lampedusa, 124 migrants (principalement des Nigérians, des Ghanéens, des Soudanais et des Sénégalais), ainsi que les corps de trois femmes nigérianes mortes asphyxiées, ont été ramenés à terre par les garde-côtes italiens.

C'est la deuxième fois en moins de deux semaines que des corps de migrants qui auraient été asphyxiés par les fumées du moteur sont retrouvés. Le « Cigala Fugosi », navire de la marine italienne a mené à bien une opération de sauvetage le 15 août à environ 33 km au large de la côte libyenne après avoir reçu des appels de détresse provenant d'un chalutier transportant des centaines de migrants. L'équipage italien a retrouvé 49 migrants décédés dans la cale et en a secouru 312 autres dont 45 femmes et trois mineurs.

D'après les témoignages recueillis par le personnel de l'OIM à Lampedusa jeudi, les migrants voyageaient à bord d'un bateau pneumatique lorsqu'au moins 10 d'entre eux, des Nigérians et des Ghanéens, ont été frappés par une grosse vague qui les a fait passer par-dessus bord. Cinq personnes ont disparu et les autres sont parvenues à remonter à bord.

La panique s'est installée, l'embarcation a commencé à prendre l'eau et, lorsque les migrants ont aperçu les sauveteurs, ils se sont tous précipités d'un côté à l'autre du bateau. Les témoins ont déclaré avoir vu trois femmes se faire piétiner dans la bousculade, ce qui est probablement la cause de leur mort, même si les médecins pourraient encore déterminer qu’elles ont été asphyxiées par les fumées du moteur. L'une d'elles était enceinte de neuf mois, et une autre voyageait avec sa fille de trois semaines.

Au moment de leur arrivée à Lampedusa, 16 femmes ont été immédiatement emmenées à l'hôpital, gravement brûlées par les fuites de carburant.

« Cet accostage a été tragique », a déclaré un employé de l'OIM qui a apporté une aide aux migrants. « Une jeune femme de 20 ans s'est évanouie dans mes bras, tous les hommes avaient du mal à marcher, il y avait de nombreuses ambulances au port, qui faisaient d’incessants aller-retour depuis et vers l’hôpital. »

« Depuis le début de l'année, environ 2342 migrants ont péri dans la Méditerranée et 2326 dans le canal de Sicile », déclare Federico Soda, Directeur du bureau de coordination de l'OIM pour la Méditerranée. « Ces quelques dernières semaines, nous avons été témoins de nombreux décès, et nous pensons pouvoir l'expliquer par le fait que les passeurs deviennent de plus en plus violents et cruels. Les migrants sont forcés à rester dans la cale, où ils meurent d’asphyxie. »

« Par ailleurs, de nombreux migrants débutent leur périple dans un état de santé très précaire, probablement causé par les conditions de détention en Libye qui deviennent de plus en plus cruelles et insoutenables », a ajouté M. Soda.

Il y a trois jours, un jeune garçon somalien de 14 ans est mort après avoir été secouru : il avait été battu en Libye puis contraint à effectuer des travaux pénibles sans accès adéquat à la nourriture ou à l’eau. Il a finalement succombé à ses blessures.

« Ces actes de violence constituent de graves délits. Ils ne sont certainement pas des incidents isolés mais font partie d'une maltraitance systématique envers les migrants, qui finit trop souvent par leur être fatale », a-t-il insisté.

Pour plus informations, veuillez contacter

Flavio Di Giacomo, OIM Italie, Tel: +39 347 089 8996, Email: fdigiacomo@iom.int 
Ou l’OIM en Grèce: Daniel Esdras, Tel: +30 210 9912174 Email:iomathens@iom.int ou Kelly Namia, Tel: +302109919040, +302109912174, Email:Knamia@iom.int.
Ou Emrah Guler at OIM Turquie, Tel: +903124541138, Email: eguler@iom.int.
Ou Othman Belbeisi, OIM Libye, Tel + 216 29 600 389, Email: Obelbeisi@iom.int
Ou Maysa Khalil, Mobile en Tunisie : +216 29600388 – Email: mkhalil@iom.int