Communiqué
Global

Le nombre de décès de migrants/réfugiés dans le monde avoisine les 7 500 en 2016 et dépasse les 18 500 ces trois dernières années

Suisse - Vendredi 6 janvier, l’Organisation internationale pour les migrations a publié les chiffres préliminaires sur tous les décès de migrants ou de réfugiés dans le monde en 2016, faisant état d’environ 7 495 hommes, femmes et enfants décédés ou disparus à travers les cinq continents, contre 5 267 en 2014 et 5 740 l’année dernière. Le total des trois dernières années s’élève donc à 18 501.

Ce chiffre accru est principalement dû aux méthodes de recherche plus avancées utilisées par le projet de l’OIM sur les migrants disparus http://missingmigrants.iom.int, même si les responsables de l’OIM pensent que les itinéraires migratoires ont également été plus meurtriers en 2016, en particulier celui de la Méditerranée centrale entre l’Afrique du Nord et l’Europe, où près de 4 600 migrants ont péri l’année dernière. https://missingmigrants.iom.int/latest-global-figures

Global migrants deaths chart

« Ces données – 18 501 décès en trois ans – sont tout simplement révoltantes », a déclaré William Lacy Swing, Directeur général de l’OIM à Genève. « Ce sont 1 096 jours, d’après le calendrier, ou près de 20 décès par jour. Et nous pensons que nous sommes loin du compte de toutes les victimes. Il ne sert plus à rien de compter, nous devons agir maintenant pour faire de la migration un processus légal et sûr pour tous. »

D’après les analystes de l’OIM, les données du Projet sur les migrants disparus indiquent deux tendances persistantes : premièrement, les itinéraires migratoires traditionnels tels que le couloir mésoaméricain reliant l’Amérique latine à l’Amérique du Nord et l’itinéraire de la Méditerranée centrale reliant la région du Sahara au sud de l’Europe continuent d’être empruntés à pleine capacité malgré les efforts déployés par les pays de destination pour réduire le nombre d’arrivées. Deuxièmement, bien que certains itinéraires deviennent plus meurtriers, l’augmentation des données reflète largement l’utilisation croissante des réseaux sociaux et des appareils électroniques personnels permettant aux migrants de relater leur périple.

« Indépendamment de leur faible niveau scolaire ou de leur pauvreté, les migrants sont en communication presque constante avec quelqu’un qui suit leur progression », a déclaré Joel Millman, chargé de presse de l’OIM qui a documenté les décès de migrants l’année dernière en Europe, en Afrique et en Amérique latine. « Ils peuvent utiliser Twitter ou Facebook pour trouver des membres de leur famille ou de leur village déjà sur la route ou pour contacter un passeur. Souvent, ce sont les migrants eux-mêmes qui sont les premiers à signaler le décès de leurs compagnons de route. »

M. Millman a expliqué que cette tendance est devenue particulièrement prononcée en Amérique latine, où les décès recensés en 2016 dépassaient les 700, contre 488 l’année précédente et 491 en 2014. Il a déclaré que les SMS et publications Facebook des migrants cessent souvent lorsqu’ils sont en danger. Parfois ces alertes permettent de les sauver. Malheureusement, elles sont plus susceptibles d’aboutir à des recherches qui confirment les plus grosses craintes des familles, a déclaré Joel Millman.

Le chargé de presse de l’OIM a cité un cas de juillet 2016 : le corps d’une femme guatémaltèque de 41 ans a été localisé par deux journalistes texans à quelques mètres d’une autoroute texane où elle a succombé à la chaleur estivale caniculaire. Les autorités ont finalement conclu qu’elle était morte depuis six jours et que pendant ce temps, sa famille, notamment son frère du New Jersey, tentait désespérément de la localiser.

« En été, les alertes comme celles-ci sont presque quotidiennes, avec des sites entiers et des pages Facebook consacrés à la recherche de personnes disparues sur le chemin de la migration », a expliqué M. Millman. « Et ce ne sont que celles que nous suivons en espagnol ou en anglais. Il y en a certainement d’autres dont nous n’avons pas connaissance dans d’autres langues, dans des lieux comme la corne de l’Afrique, l’Afrique de l’Ouest ou l’Asie du Sud-Est. »

Les itinéraires empruntés par les Iraquiens, les Pakistanais et les Afghans qui traversent l’Iran et la Turquie pourraient être bien plus meurtriers que ne révèlent les données de suivi de l’OIM, a ajouté Joel Millman. « Le couloir reliant l’Afrique équatoriale à l’Afrique du Sud, où 78 décès de migrants ont été recensés l’année dernière, est une autre région où l’on recueille de plus en plus de données mais nous n’en voyons certainement pas toute l’ampleur », a t-il déclaré.

Dans le même temps, certains itinéraires ont fait de nombreuses victimes en 2016 sous des formes non observées les années précédentes. Le déplacement soudain de milliers d’Haïtiens quittant le Brésil pour de multiples destinations en Amérique du Nord et du Sud a provoqué le décès de migrants haïtiens au Chili, en Equateur, au Mexique et en Amérique centrale, ce qui était très rare auparavant, a expliqué M. Millman. Un nombre croissant de Cubains traversant la région du Darien en Colombie et au Panama a également donné lieu à de nouvelles « concentrations » de décès de migrants dont l’OIM n’avait pas connaissance ces dernières années.

Il est important de noter que les données continueront d’être traitées dans les prochaines semaines, a conclu M. Millman. Selon certaines informations, 300 décès auraient eu lieu dans la Mer Méditerranée ces derniers jours, mais ces données n’ont pas été vérifiées. Deux grands comtés à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique ont récemment signalé que les corps de dizaines de migrants avaient été retrouvés depuis le début du mois de janvier 2016. Pour autant, on ne sait pas combien de ces cas ont été comptabilisés par le Projet de l’OIM sur les migrants disparus et combien sont de nouveaux cas. L’OIM apprend régulièrement des cas de décès qui ont eu lieu les années précédentes, et qui font croître les totaux pour 2014 et 2015 une fois que ces décès sont enregistrés.

« Il est probable que nous n’atteignions jamais un décompte réel et final de toutes ces tragédies », a conclu M. Millman. « Nous attendons avec impatience le jour où ces chiffres diminueront. Mais probablement pas de si tôt. »

Dernière infographie mise à jour dans la Méditerranée :

http://migration.iom.int/docs/MMP/Mediterranean_Update_170106_02.pdf

Pour consulter les dernières données sur les arrivées et les décès de migrants en Méditerranée, veuillez vous rendre sur : http://migration.iom.int/europe

Pour en savoir plus sur le Projet sur les migrants disparus : http://missingmigrants.iom.int

Pour plus d’informations, veuillez contacter Joel Millman, OIM Genève, Tel: +41.79.103-8720, Email: jmillman@iom.int