Communiqué
Global

Ligne de défense : les garde-frontières se mobilisent contre la COVID-19 en Mauritanie

People disembarking a boat arriving in Rosso, a city bordering Senegal. Photo: IOM/Ciré Ly  

Nouakchott - le flux quotidien de voyageurs, de bétail et de marchandises qui embarquaient autrefois à bord du ferry reliant la Mauritanie au Sénégal par le poste-frontière de Rosso augmentera lorsqu’il rouvrira. Il est l’un des quelques points d’entrée actifs entre les deux pays.

« En temps normal, nous assistons à une centaine de passages par jour, principalement des Mauritaniens et des Sénégalais qui rejoignent leurs familles ou qui vont travailler », a confié un garde-frontière.

« Mais compte tenu des restrictions de voyage en réponse à la COVID-19 et des possibilités de passage restreintes, entre 200 et 350 personnes traversaient ici chaque jour avant sa fermeture. Les gens voulaient rentrer chez eux ou quitter le Sénégal, qui a recensé des cas de COVID-19. »

L’impact de la pandémie se fait ressentir dans des communautés allant des rives du fleuve Sénégal dans ce vaste pays désertique d’Afrique de l’Ouest, jusqu’aux pays frontaliers d’Asie du Sud-Est. Ici, et dans une dizaine d’autres endroits à travers le globe, l’OIM applique ses décennies d’expérience en gestion des frontières et en santé migratoire pour permettre aux autorités locales, aux habitants et aux migrants de réduire la propagation du virus et de se préparer pour l’avenir.

« Les activités de l’OIM en Mauritanie font partie d’un effort mondial plus large visant à donner des conseils et fournir une aide concrète aux autorités de l’immigration et des frontières et aux partenaires qui font face à la situation extraordinaire actuelle », a déclaré Florian Forster, responsable de la Division de la gestion de l’immigration et des frontières de l’OIM à Genève.

« Le virus a un énorme impact sur les migrations sûres, ordonnées et régulières et sur la mobilité transfrontalière. Les migrants et les populations mobiles sont fortement touchés et peuvent se retrouver dans des situations particulièrement vulnérables. Les responsables de l’immigration sont eux-mêmes durement touchés et ont besoin d’une aide concrète et de conseils avisés. »

  • L’OIM aide les autorités sanitaires au Sénégal à évaluer la santé des voyageurs en fournissant des équipements, en dispensant une formation aux garde-frontières et en déployant des activités de participation communautaire le long de ses frontières avec le Mali, la Guinée et la Gambie. Des outils pédagogiques pratiques ont été élaborés.
  • Au Kenya, l’OIM soutient les efforts de préparation et de riposte du gouvernement en donnant des fournitures de prévention et de contrôle aux officiers de l’immigration en première ligne aux principaux points d’entrée, y compris les aéroports.
  • Dans la plus jeune nation du monde, le Soudan du Sud, l’OIM a fait don de scanneurs thermiques et prend la température des passagers aux aéroports et aérodromes.
  • En Jordanie, l’OIM a achevé une évaluation des besoins dans le contexte de la COVID-19 aux points de passage terrestres, maritimes et aériens avec le Ministère de la santé et en coordination avec l’OMS.
  • A Herat, à l’ouest de l’Afghanistan, l’OIM a mobilisé des équipes pour soutenir les processus de dépistage aux points d’entrée, en se centrant sur les dizaines de milliers de migrants de retour d’Iran, pays qui comptabilise plus de 41 500 cas. Des efforts similaires sont en cours au Rwanda, où l’Organisation s’appuie sur les interventions existantes réussies face à la maladie à virus Ebola.
  • En Thaïlande, qui compte, selon l’OIM, jusqu’à cinq millions de travailleurs migrants, les fermetures d’usines ont poussé des dizaines de milliers de personnes à tenter de rentrer chez elles au Myanmar, au Cambodge et au Laos voisins. L’OIM surveille les mouvements frontaliers dans la région et fournit une aide aux migrants et aux gouvernements, malgré les ressources limitées.

Tout comme leurs homologues à travers le monde, les autorités mauritaniennes ont pris des mesures préventives pour contrôler la propagation du coronavirus, en fermant toutes les écoles, les cafés et restaurants, en interdisant les rassemblements non-essentiels et en fermant les frontières aériennes.

Aujourd’hui, seuls huit pour cent des 45 postes-frontières du pays restent actifs pour transporter des marchandises et de la nourriture.

S’ils étaient ouverts, les voyageurs tentant de traverser à Rosso seraient confrontés à de longues périodes d’attente pour recevoir l’autorisation d’entrer et à des files interminables qui ne permettraient pas de respecter les mesures de distanciation sociale recommandées par l’OMS.

Les officiers de police et de douane n’avaient que peu ou pas de protection, il y avait un manque d’équipements de dépistage et les règles d’hygiène de base n’étaient pas toujours appliquées. En réponse, l’OIM dispense une formation et fait don d’équipements médicaux et de protection en partenariat avec l’OMS afin de renforcer la gestion du virus par le gouvernement.

« La fermeture des postes-frontières a un impact considérable sur les activités économiques des communautés frontalières », a déclaré Laurent de Castelli, responsable de l’Unité de gestion des frontières de l’OIM en Mauritanie. « Cette formation permettra aux autorités de rouvrir les postes-frontières rapidement, et de prévenir et détecter les cas potentiels de COVID-19. »

Lorsque les passages aux frontières reprendront, de nouveaux officiers de police formés pourront contrôler la température des passagers à mesure qu’ils descendent du ferry et leur demanderont de se laver les mains.

« Je suis satisfait de l’esprit de coopération que montrent les habitants pour empêcher que cette maladie n’entre dans le pays », a déclaré Abdel Kader Ould Tiyib Hakem, Préfet de Rosso. « Ils suivent à la lettre toutes les instructions données par les autorités. »

Compte tenu de la fermeture récente des principaux points d’entrée à la frontière nord de la Mauritanie avec le Maroc, le nombre de migrants bloqués en Mauritanie - ou de Mauritaniens au Maroc et au Sénégal - va probablement augmenter. D’autres points de passage mauritaniens ont les mêmes besoins que Rosso en termes d’appui et de formation.

Les communautés frontalières exposées aux mouvements désordonnés et mal sensibilisées à la maladie sont aujourd’hui les plus vulnérables à l’épidémie de COVID-19. L’OIM œuvrera au cours des prochains jours pour sensibiliser et mieux protéger ces communautés en collaboration avec le gouvernement.

Ces sessions de formation et ces dons ont été rendus possibles grâce au soutien du Fonds fiduciaire de l’UE pour l’Afrique par l’intermédiaire de l’Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Laurent de Castelli, OIM Mauritanie, Tel. +222 48 51 91 55, email : idecastelli@iom.int