Communiqué
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L’OIM au Tchad lance un appel de fonds pour aider les migrants bloqués

N’Djamena - Dimanche dernier, 1er juillet, 20 migrants d’Afrique subsaharienne, dont huit potentielles victimes de traite, se seraient retrouvés bloqués à Faya, au nord du Tchad. La ville de Faya est située sur l’un des itinéraires migratoires au nord du Tchad, où les autorités tchadiennes identifient régulièrement des victimes de traite et les orientent vers l’OIM, l’organisme des Nations Unies chargé des migrations.

L’OIM au Tchad travaille activement avec le gouvernement pour amener ces migrants vulnérables à N’Djamena pour les examiner et les aider, mais des ressources sont nécessaires pour pouvoir fournir une assistance médicale et psychosociale et une aide au retour volontaire.

« Nous avons connaissance de 395 migrants à travers les trois régions situées à l’extrême nord entre le Niger et le Soudan, à la frontière avec la Libye, et de plus d’une centaine de migrants bloqués à N’Djamena, dont 45 ont reçu un soutien et sont prêts à retourner dans leur pays d’origine, si les finances le permettent », a déclaré Anne Kathrin Schaefer, chef de mission de l’OIM au Tchad. « Des migrants sont également bloqués dans la région du Lac Tchad, après avoir fui la violence de Boko Haram au Nigéria. Ils sont désormais bloqués dans des sites de déplacés internes autour du lac. Même si l’OIM au Tchad est prête à les aider, nos moyens et ressources sont extrêmement limités et nous ne pouvons pas faire face aux demandes croissantes d’aide humanitaire. »

L’OIM lance un appel d’au moins 2,1 millions de dollars pour répondre aux besoins urgents des migrants bloqués qui transitent par le Tchad depuis ces 24 derniers mois. Ce financement sera directement utilisé pour :

  • Les opérations de recherche et de sauvetage dans les régions au nord du Tchad qui jouxtent le Niger et la Libye, et où les trafiquants et les passeurs s’éloignent de plus en plus des itinéraires migratoires connus pour éviter les contrôles de sécurité, exposant ainsi les migrants à des situations dangereuses ;
  • L’aide au retour volontaire des migrants bloqués au Tchad, y compris le transport aérien et terrestre vers les pays d’origine ;
  • L’établissement d’un centre d’accueil pour migrants à Faya et d’un centre de transit à N’Djamena où une aide médicale, psychosociale et alimentaire peut être fournie aux migrants ;
  • Le lancement d’une campagne d’information sur les risques et les dangers de la migration irrégulière et la traite d’êtres humains.

Le flux de migrants à travers le Tchad accroît la pression sur les acteurs locaux et les organismes internationaux comme l’OIM, qui ne disposent pas des moyens adéquats pour gérer efficacement les flux migratoires vers l’Afrique du Nord et fournir une aide humanitaire indispensable aux personnes vulnérables qui se déplacent le long d’itinéraires migratoires.

L’histoire d’Angèle

« Je veux juste rentrer chez moi. Ma mère est morte en mon absence et depuis, je n’ai plus de nouvelles de ma famille », a déclaré Angèle*, l’une des 20 migrants bloqués à Faya qui ont été orientés vers l’OIM. Angèle a quitté le Cameroun en 2013 avec son mari et son fils de deux ans. Ils sont passés par le Nigéria et le Niger pour enfin atteindre la Libye, d’où ils espéraient traverser la Méditerranée et entrer en Italie pour espérer une vie meilleure. A Tripoli, le mari d’Angèle a travaillé dans la construction pour gagner de l’argent pour la traversée. Quand il eut économisé suffisamment pour le voyage, il est parti pour l’Italie, promettant de revenir chercher Angèle et son fils. Elle a attendu deux ans sans nouvelles. Désespérée, elle a contacté un compatriote camerounais à Kufra qui l’a aidée à embarquer à bord d’un bus. « Nous avons traversé le désert pendant cinq jours avant d’atteindre Faya. J’ai vendu toutes mes affaires pour survivre. » Elle a fini par retrouver des connaissances qui l’ont aidée à rejoindre N’Djamena. Aujourd’hui, elle et son fils de sept ans espèrent recevoir l’aide au retour volontaire de l’OIM. 

L’histoire d’Armand

Armand* a quitté le Cameroun en 2016 dans l’espoir d’atteindre la Libye et de rejoindre l’Italie. « Dès mon premier jour en Libye, j’ai été placé en détention. Ils m’ont demandé de payer 450 000 francs CFA (800 dollars) pour me libérer mais j’avais déjà payé 185 000 francs CFA (330 dollars) pour rejoindre le Niger depuis le Cameroun puis 300 000 francs CFA (530 dollars) pour rejoindre la Libye depuis le Niger », a déclaré Armand. Il a tenté de traverser la Méditerranée à deux reprises. « La deuxième fois que nous avons pris le bateau, 72 personnes sont mortes », a ajouté Armand. C’est à ce moment-là qu’il a décidé de rentrer chez lui. Il a pris un bus en Libye et a traversé le désert pour atteindre Faya. A Faya, il a demandé l’aide à un transporteur public pour retourner dans son Cameroun natal et a été redirigé vers l’OIM.

Grâce au financement du Fonds fiduciaire de l’UE pour l’Afrique, trois points de contrôle du flux ont été installés par les équipes de l’OIM à Zouarke, Kalait et Faya afin de contrôler le mouvement des migrants à travers le Tchad - environ 428 mouvements par jour. La région de Tibesti, au nord du Tchad et à la frontière avec la Libye, continue d’attirer des travailleurs subsahariens en raison de la présence de mines d’or dans le triangle Niger-Libye-Tchad, considéré par certains comme une occasion de gagner de l’argent avant de poursuivre leur périple vers la Libye. Des victimes de traite ont été signalées par les autorités locales qui ont indiqué que certaines des personnes transportées par les trafiquants avaient été forcées à travailler dans les mines pour rembourser leurs frais de transport et de « placement ».

En avril dernier, 56 Tchadiens - dont 17 enfants non accompagnés - ont été secourus de trafiquants par les forces de police à la frontière libyenne et aidés par l’OIM. L’OIM au Tchad leur a fourni une aide d’urgence avec le soutien financier du Bureau de la population, des réfugiés et des migrations (PRM) du Département d’Etat américain mais des fonds supplémentaires doivent être mobilisés pour s’assurer que les migrants au Tchad reçoivent une aide adéquate, notamment un soutien psychosocial et une aide au retour volontaire.

*Les noms ont été changés.

Pour plus d’informations, veuillez contacter Anne Kathrin Schaefer, OIM Tchad, Tel. +235 60281778, email : ascahefer@iom.int ou Michele Bombassei, Bureau régional de l’OIM pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, email : mbombassei@iom.int