Communiqué
Global

L’OIM à Djibouti met en avant les pièges de l’itinéraire migratoire de la corne de l’Afrique pour les donateurs

Djibouti - Dimanche 21 février, l’OIM à Djibouti a accueilli une délégation de diplomates européens, nord-américains et asiatiques et des représentants des organismes d’aide humanitaire. Leur mission était de s’informer sur l’un des itinéraires de migration les plus dangereux du monde et sur la crise migratoire croissante qui coûte la vie à des centaines de migrants qui tentent chaque année de traverser la péninsule arabe depuis la corne de l’Afrique.

Cet itinéraire migratoire existe depuis plusieurs centaines d’années et tue chaque année entre 500 et 600 migrants principalement originaires d’Ethiopie. C’est le message qu’ont fait passer les forces de sécurité de Djibouti aux délégués venus de France, d’Allemagne, d’Italie, du Japon, du Luxembourg, de Norvège, de Suède et des Etats-Unis, qui ont été rejoints par leurs homologues de la Commission européenne et de l’USAIM, l’Association américaine pour la migration internationale affiliée à l’OIM.

Rencontrant le Ministre de l’intérieur de Djibouti, Hassan Omar Mohamed, ainsi que des hauts responsables de la Gendarmerie Nationale et des Garde-côtes, les délégués ont appris que cette nation côtière de moins d’un million d’habitants accueillait chaque année environ 180 000 migrants irréguliers depuis l’Ethiopie voisine, qui jouxte Djibouti sur trois côtés, et un nombre bien plus faible de réfugiés somaliens. « En tous temps, environ 150 000 ressortissants étrangers vivent à Djibouti », a déclaré Hassan Omar Mohamed.

Bien qu’environ la moitié des nouveaux arrivants de cette année soient renvoyés avant même de traverser le pays aride, des centaines se dirigent chaque jour vers la ville côtière d’Obock, dans le Golfe d’Aden, où ils embarquent à bord de petits chalutiers pour traverser le Détroit de Bab el Mandeb reliant la corne de l’Afrique à la péninsule arabe.

« Bab el Mandeb signifie ‘l’endroit où les gens pleurent’ », en raison des eaux traîtresses où plus de 3 300 migrants africains ont péri depuis 2006, a expliqué Henry Glorieux, chef de mission de l’OIM à Djibouti. L’OIM a signalé 95 décès l’année dernière, tous en route vers le Yémen. Malgré le conflit qui fait rage au Yémen, quelque 60 000 Ethiopiens sont passés par Djibouti en 2015.

Le projet de l’OIM sur les migrants disparus rapporte que 36 migrants ont péri en mer sur cet itinéraire au 22 février 2016, soit un peu moins d’un par jour. Toutefois, les responsables djiboutiens ont indiqué à la délégation que le nombre de décès par déshydratation en traversant Djibouti, ou dus à des accidents de la route, était environ trois fois plus élevé que les noyades.

« L’Arabie saoudite est leur principale destination et beaucoup retrouvent l’emploi qu’ils avaient avant », a confié Ali Abdallah Al-Jefri de l’OIM aux délégués, lorsqu’ils se sont rendus dans le Centre d’aide aux migrants de l’OIM à Obock. « Les passeurs disent aux Ethiopiens qu’en raison de la violence au Yémen, il est préférable de retourner en Arabie saoudite. C’est en réalité le pire moment pour le faire », a t-il ajouté.

Bien que la capacité de l’OIM à contrôler la situation au Yémen soit restreinte depuis l’éclatement du conflit il y a près d’un an, Henry Glorieux explique que les Ethiopiens qui ont été évacués du Yémen ces derniers mois arrivant au Centre d’aide pour migrants à Obock portent des marques de torture, avec des os brisés, et dans certains cas, des blessures par balles.

Lundi, au poste de Gendarmerie du Lac Assal, les délégués ont rencontré Dawit Deresseh, un migrant éthiopien de 30 ans amputé de l’avant-bras gauche. « Ils me l’ont coupé au Yémen », a t-il confié, expliquant qu’un véhicule dans lequel il voyageait avec 26 autres migrants en avril dernier a roulé sur une mine terrestre près de la frontière yéménite avec l’Arabie saoudite. « Nous étions tous éthiopiens », a t-il ajouté. « Ils sont tous morts, sauf moi. »

La visite des donateurs de cette semaine se poursuivra en Ethiopie. Elle fait partie d’une campagne de l’OIM visant à sensibiliser à l’urgence migratoire croissante due à la migration depuis la corne de l’Afrique et aux affrontements au Yémen ainsi qu’à la sécheresse et aux effets d’El Niño en Ethiopie, qui pousse des milliers de personnes à entreprendre la dangereuse traversée de Djibouti vers le Yémen.

Le Plan de réponse humanitaire du Yémen et le Plan de réponse régional pour les migrants et les réfugiés nécessitent plus de 120 millions de dollars d’aide pour le Yémen, Djibouti, l’Ethiopie et la Somalie.

Pour plus d’informations sur le Plan de réponse humanitaire du Yémen et le Plan de réponse régional pour les migrants et les réfugiés, veuillez vous rendre sur : http://www.iom.int/sites/default/files/country_appeal/file/IOM-Regional-Appeal-for-Yemen-Crisis-Jan-Dec-2016.pdf

Pour plus d’informations, veuillez contacter Henry Glorieux, OIM Djibouti, Tel: +253 770 27 673, Email: hglorieux@iom.int, ou Joel Millman, siège de l’OIM, Tel: + 41 79 103 87 20, Email: jmillman@iom.int