Communiqué
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L'OIM évoque la découverte de nouvelles victimes dans le Sahara parmi les migrants en route pour la Libye

Niger - La découverte lundi des dépouilles de trente migrants à Dirkou, au nord-est du Niger, au carrefour d'Agadez, porte à 48 le nombre de migrants morts retrouvés dans le Sahara cette semaine, aggravant un peu plus le bilan toujours plus lourd du nombre de personnes originaires d'Afrique ou du Moyen-Orient, en partance pour l'Europe, susceptibles d'avoir perdu la vie cette année.

Dimanche, le chef de mission de l'OIM au Niger, Giuseppe Loprete, a signalé la découverte de 18 victimes près de l'oasis d'Arlit, au sud de la frontière du Niger avec l'Algérie. La découverte de lundi semble sans rapport avec cette dernière. L'OIM a indiqué que, d'après les autorités locales, les corps découverts près de Dirkou étaient là depuis plusieurs mois, tandis que ceux découverts dimanche sont ceux de personnes qui auraient trouvé la mort la semaine dernière ou la semaine précédente.

« Cette tragédie met en lumière un risque redouté mais négligé jusqu'ici auquel trop de migrants sont confrontés bien avant de risquer leur vie en mer » a déclaré le Directeur général de l'OIM, William Lacy Swing, dimanche dernier à Genève. « Le Sahara peut être tout aussi meurtrier que la Méditerranée. Nombre de ces morts tragiques ne sont jamais signalées. »

Les chercheurs de l'OIM soulignent qu'en raison de la difficulté que représente la recherche de migrants en transit - parfois perdus - dans le Sahara, seule une fraction des corps de ceux qui ont perdu la vie est localisée chaque année. En 2014, l'Unité de recherche sur les migrations de l'OIM a enregistré un peu plus de 50 décès signalés de migrants sur les parcours menant au littoral méditerranéen en Afrique du Nord. « Plutôt que le nombre réel de décès, cela reflète surtout un manque crucial d'information » a indiqué cette semaine Tara Brian, chercheur à l’OIM. « Ils sont probablement des centaines de plus à perdre la vie sur ces routes chaque année, sans que les autorités ou la presse n'en soient informées. »

Tara Brian ajoute que, selon le blog Fortress Europe, qui recense le nombre de décès de migrants tentant de rallier l'Europe, près de 1790 migrants ont perdu la vie dans le Sahara entre 1996 et 2014. Elle explique qu'« il est notoire qu'il s'agit d'une sous-évaluation des chiffres réels, ne reflétant que ceux parvenant aux médias. Les témoignages de migrants qui ont traversé le Sahara indiquent que les décès sont fréquents. »

A Bruxelles, l'OIM a demandé à l'Union européenne de multiplier les efforts en vue de promouvoir les migrations sûres et légales dans la zone méditerranéenne. « Ce phénomène s'est produit avec une régularité implacable ces dernières années et cela devrait convaincre nos partenaires Africains et de l'UE de l'urgence que représente la mise en place de mécanismes de réponse spéciaux aux points de jonction critiques le long des routes migratoires afin de permettre aux migrants de se sentir en sécurité et de faire des choix informés en matière de migration » a déclaré Eugenio Ambrosi, Directeur régional de l'OIM pour l'UE, la Suisse et la Norvège.

« Des contrôles, une orientation et des conseils sur le terrain peuvent permettre de protéger les plus vulnérables des dangers et offrir des alternatives permettant de réduire leurs chances d'emprunter des routes fatales et de recourir aux réseaux criminels » a-t-il précisé.

Le projet « Missing Migrants » de l'OIM (Migrants portés disparus) rapporte qu'au 12 juin, on estime à 1865 le nombre de personnes ayant perdu la vie en cherchant à traverser la Méditerranée. L'Europe a redoublé d'efforts pour patrouiller sur les routes maritimes, ce qui a permis de secourir près de 60 000 migrants cette année dans les eaux situées entre les côtes libyennes et l'Italie.

Selon leurs prévisions pour 2015, les autorités nigériennes estiment que 80 000 à 120 000 migrants d'Afrique centrale et occidentale traverseront le Niger pour atteindre la Libye et l'Algérie pour soit travailler dans ces pays, soit rallier l'Europe par la mer.

« Les migrants entrent au Niger par différentes voies, en particulier à travers des frontière terrestres poreuses, en suivant les principales routes depuis l'Afrique subsaharienne » a indiqué Giuseppe Loprete de l'OIM au Niger. « Piégés par les passeurs et les trafiquants, ils se retrouvent souvent sans ressources, sans personne pour les aider. »

Entre janvier et mai 2015, l'OIM au Niger a aidé plus de 5100 migrants bloqués dans ses centres de transit.

Etape cruciale pour faire face au problème des migrations irrégulières via le Niger, l'Assemblée nationale du Niger a approuvé le mois dernier une loi contre le trafic de migrants. La récente tragédie démontre cependant la nécessité de renforcer les efforts mis en œuvre par le gouvernement nigérien pour contrôler efficacement ses frontières, collecter des données systématisées et protéger les migrants les plus vulnérables nécessitant une aide humanitaire.

Giuseppe Loprete a appelé les acteurs de la société civile et du gouvernement à joindre leurs forces pour mieux communiquer avec les médias - et les migrants eux-mêmes – sur les défis liés aux migrations et les dangers réels liés aux migrations illégales dans les pays d'origine, de transit et de destination.

D’après l'OIM, les victimes étaient principalement originaires d'Afrique de l'Ouest, à savoir du Niger, du Mali, de la Côte d'Ivoire, du Sénégal, de la République centrafricaine, du Libéria et de Guinée, à l'exception d'une victime qui serait originaire d'Algérie. Un représentant de l'OIM au Niger a déclaré mardi que l'OIM au Niger œuvre pour collecter des informations permettant de confirmer l'identité des corps découverts cette semaine.

Pour plus d'informations, veuillez contacter Giuseppe Loprete, OIM au Niger, Tél. : Bureau +227.20752507, ou Mobile +227.98054331, E-mail : gloprete@iom.int, ou Joel Millman, OIM Genève, Tél. : +41 79 103 8720, E-mail : jmillman@iom.int