Communiqué
Global

L’OIM publie son premier rapport de sondage sur le contrôle du flux

Des migrants au point de contrôle du flux de Tog Wujale, dans la région éthiopienne de Somali.

Addis-Abeba - Des dizaines de milliers d’Africains cherchent chaque année à entrer au Moyen-Orient, traversant des centaines de kilomètres de désert vers la côte est du continent le long de sentiers aussi vieux que l’humanité.

Le nombre exact de migrants irréguliers n’est pas connu mais il est estimé qu’entre 80 000 et 100 000 migrants irréguliers entreprennent chaque année le périple migratoire de l’Afrique de l’Est.

Quelques informations sur leur identité, leur lieu d’origine, leur destination souhaitée - et le genre de nouvelle vie qu’ils espèrent - existent. Si l’on sait où chercher.

Le contrôle du flux, nom donné à l’opération de collecte des données, est un effort clé déployé par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) car il vise à aider les Etats membres qui tentent de comprendre les conséquences d’une mobilité de personnes aussi intense. Dans la région de la corne de l’Afrique, le travail de l’OIM est soutenu par le Ministère éthiopien du travail et des affaires sociales depuis 2019.

L’OIM en Ethiopie publie un « tableau de bord » mensuel qui recueille des informations quantitatives quotidiennes sur les flux migratoires « entrants » et « sortants ». Le travail est principalement centré sur les statistiques relatives aux lieux, aux destinations, aux origines, à la démographique et à la population.

Pour la première fois, l’OIM en Ethiopie publie un rapport de sondage du contrôle du flux sur les mouvements des migrants. Le rapport, qui vient d’être publié, comprend des conclusions qualitatives et une analyse des mouvements de migrants, ainsi que des données sur les itinéraires, la démographie, les historiques et intentions de voyage et sur les besoins des groupes de migrants.

« Les principales conclusions montrent que la plupart des 1 855 migrants interrogés, composés de 69 pour cent d’hommes et 21 pour cent de femmes, étaient sans emploi avant leur départ. Le principal pays de départ parmi les personnes interrogées était l’Ethiopie, suivi du Soudan et de Djibouti, et les principales destinations étaient le Royaume d’Arabie saoudite, le Soudan et l’Ethiopie », a expliqué Cecilia Thiam, responsable du programme de la Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l’OIM en Ethiopie.

Le tableau de bord du contrôle du flux de la DTM en Ethiopie pour février 2020 recense 10 907 mouvements observés à travers les cinq principaux points de contrôle du flux du pays. Parmi ces mouvements, 72 pour cent étaient sortants, dont une majorité à destination du Royaume d’Arabie saoudite, et 28 pour cent étaient entrants, dont la plupart en provenance du Soudan.

Le travail de l’unité de la DTM mesure également le drame humain de ces mouvements, notamment en enregistrant le témoignage d’un migrant de 17 ans se faisant appeler « Idris », interrogé dans un récent sondage de la DTM.

« J’ai chargé des camions pendant deux ans pour économiser 4 000 birrs (135 dollars) et payer un passeur pour rejoindre Djibouti puis l’Arabie saoudite, afin de trouver du travail. Nous avons payé 2 000 birrs (70 dollars) pour aller à Djibouti et le reste a servi à payer l’eau et la nourriture », a confié le jeune originaire de la province éthiopienne de Tigray.

« Lorsque nous sommes arrivés à Djibouti, nous ne pouvions pas traverser le Golfe d’Aden vers le Yémen pour rejoindre l’Arabie saoudite. Il n’y avait pas de bateau pour nous récupérer comme promis et nous n’avions aucune idée où se trouvait le passeur », a-t-il poursuivi.

Le groupe d’Idris s’est retrouvé bloqué à Djibouti.

L’histoire est assez courante. L’Ethiopie est le pays le plus populaire pour les migrants africains qui tentent d’atteindre le Golfe et l’Extrême-Orient. Il est aussi un pays d’origine, de destination et de transit pour les migrants. Plus de 62 pour cent des migrants ont cité des motifs économiques comme principal facteur de leur mouvement, et les nombreuses offres d’emploi.

Le contrôle du flux recueille également des informations qualitatives quotidiennes sur les intentions des ménages ou sur les raisons qui les poussent à choisir un pays de destination, afin de compléter les données du Registre de contrôle du flux. Le contrôle est effectué à cinq points de contrôle du flux à Humera, Sawaale, Tog Wujale, Metema et Galafi, aux frontières nord, nord-ouest et nord-est du pays.

L’OIM en Ethiopie prévoit d’étendre ses activités de contrôle du flux en 2020 en augmentant le nombre de points de collecte des données, afin d’identifier davantage de mouvements au sein de réseaux supplémentaires, notamment le long des itinéraires en direction du nord et du sud.

Le Ministère du travail et des affaires sociales a exprimé son intérêt à collaborer avec l’OIM en Ethiopie à ce sujet et tous deux prévoient d’utiliser les informations recueillies pour promouvoir des migrations sûres, ordonnées et effectuées dans la dignité, et pour prévenir la traite et d’autres problèmes de protection découlant de la migration irrégulière.

Le travail de contrôle du flux de la DTM de l’OIM en Ethiopie est rendu possible grâce au financement régional de l’Union européenne et de l’Allemagne.

Télécharger le rapport dans son intégralité ici (en anglais).

Pour plus d’informations, veuillez contacter Cecilia Thiam, OIM Ethiopie, Tel. +251 992 420 206, email : cthiam@iom.int