Communiqué
Global

Nouveau rapport de l’OIM : les familles de migrants disparus contraintes de faire cavalier seul dans la recherche de leurs proches 

Illustration: OIM/Salam Shokor

Berlin - Un rapport publié aujourd'hui par le Centre mondial d'analyse des données sur la migration (CMADM) de l'Organisation internationale pour les migrations appelle les gouvernements à améliorer de toute urgence le soutien apporté aux dizaines de milliers de familles de migrants disparus qui sont souvent obligées de s'en remettre à des passeurs et autres réseaux informels pour retrouver leurs proches. 

Le Projet du Centre sur les migrants disparus a élaboré ce rapport sur la base de recherches menées auprès de 76 familles de migrants disparus en Éthiopie, au Zimbabwe, en Espagne et au Royaume-Uni.  Intitulé « Families of Missing Migrants : Their Search for Answers and the Impacts of Loss - Lessons across four countries », le rapport est accompagné d’une note de synthèse proposant 10 recommandations aux autorités, aux organisations internationales et aux autres acteurs afin d'améliorer la réponse aux cas de migrants disparus et le soutien à leurs familles.  

« L'étude vise à amplifier les voix des personnes dont des proches ont disparu lors de périples migratoires, et à mieux comprendre leurs difficultés », a déclaré Frank Laczko, directeur du CMADM. « Partager ces résultats avec le public n'est qu'un premier pas vers l'amélioration des mécanismes de soutien aux migrants et aux personnes qu'ils laissent derrière eux. » 

Malgré les obligations en matière de droits de l'homme prévues par le droit international, certains gouvernements ignorent le point de vue des familles et des communautés de migrants disparus dans les débats politiques sur la migration sûre, entraînant une exclusion et une marginalisation persistantes, qui se sont accrues pendant la pandémie de COVID-19. 

L’étude a montré qu'en raison des réponses inadéquates des acteurs étatiques, les familles ont eu recours à des réseaux informels, notamment d'autres migrants, des associations communautaires et des passeurs, pour leurs recherches. Elle souligne également que les autorités présentent souvent les cas de disparition de migrants comme des enquêtes sur des opérations de trafic illicite de migrants : lorsque les familles (ou les militants agissant en leur nom) signalaient la disparition de migrants aux autorités, elles étaient souvent poussées à fournir des informations sur les passeurs qui avaient organisé le voyage de leur proche, plutôt que sur la disparition elle-même. 

Les témoignages des familles font état d'une détresse psychologique dévastatrice, ainsi que des impacts juridiques, financiers et administratifs de la disparition de leurs proches. 

En Éthiopie, un agriculteur désespéré a confié à l'OIM que ses fils disparus étaient son espoir pour l'avenir. « Ils venaient m'aider à labourer et à cultiver la terre et maintenant je vieillis et je m'affaiblis et je ne peux pas travailler », a-t-il raconté. « Je compte sur mes proches pour le travail agricole mais mes terres sont labourées tardivement et ne produisent pas beaucoup. Ma vie devient un enfer. Je ne peux même pas payer le prêteur. Ma femme est déjà clouée au lit. » 

Le rapport révèle comment les inégalités façonnées par des facteurs tels que le genre, l'âge, la classe, l’origine et le statut migratoire entravent les efforts de recherche. L'OIM recommande notamment aux États et aux acteurs internationaux concernés d'établir des feuilles de route spécifiques pour gérer les cas de migrants disparus et de mettre en place des moyens sûrs et accessibles pour que les familles puissent signaler la disparition de leurs proches. 

Le rapport et la note de synthèse font partie du projet intitulé « Évaluation des besoins des familles à la recherche de parents disparus en Méditerranée centrale et occidentale », financé par le Département fédéral suisse des affaires étrangères. 

Le site Web du Projet sur les migrants disparus a été remanié et comprend désormais les rapports nationaux et le rapport final du projet, ainsi que d'autres ressources permettant d'en savoir plus sur les expériences des familles de migrants disparus. On y trouve également des informations sur les ONG et autres acteurs concernés qui aident les personnes à la recherche de proches disparus. 

 

Pour plus d'informations, contactez :  

A Berlin :  

Kate Dearden, kdearden@iom.int, +49 30 27 877 832 

Marta Sánchez Dionis, msanchez@iom.int, +49 30 278 778 43