Communiqué
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Tchad: des milliers de personnes ont besoin d'une aide urgente alors que la ruée vers l'or cause des affrontements dans le nord

Le personnel de l'OIM fournit une aide alimentaire et non alimentaire aux orpailleurs touchés par les affrontements dans le nord du Tchad. Photo : OIM 2022

N'Djamena – Des milliers de personnes auraient besoin d'une aide humanitaire d’urgence dans le Nord du Tchad suite aux affrontements meurtriers entre des chercheurs d'or dans la province du Tibesti, près de la frontière avec la Libye, le mois dernier.

« Selon des sources gouvernementales officielles, près de 10 000 orpailleurs tchadiens et internationaux ont évacué les mines d'or de Kouri Bougoudi suite aux affrontements », a déclaré Anne Kathrin Schaefer, chef de mission de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Tchad. « La situation humanitaire sur place est actuellement fragile car les travailleurs des mines ont un accès limité à la nourriture, à l'eau ou à toute forme d'abri. »

Selon une première évaluation menée par la Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l'OIM, plus de 3 200 orpailleurs dont 172 enfants, sont actuellement bloqués dans les villes de Zouarké, Wour, Zouar, Kollou, Faya et Puits 80, au nord du Tchad. Les évaluations sont en cours et ce nombre est susceptible d'augmenter.

L’instabilité de la situation expose les travailleurs des mines au risque de violence physique, de traite des êtres humains et de trafic illicite.

L'OIM est la seule organisation des Nations Unies opérant dans le nord du Tchad avec une antenne à Faya et une présence à Ounianga Kebir. Grâce à son Fonds de réponse rapide et à la demande des autorités tchadiennes, l'Organisation a déjà fourni à 515 chercheurs d'or, arrivés autour de la ville de Faya, de la nourriture et d'autres articles humanitaires.

La plupart des orpailleurs identifiés sont originaires du sud et du centre du Tchad, du Soudan et de la République centrafricaine. Ils ont dit à l'OIM qu'il n'y a presque rien à manger et qu'ils veulent retourner dans leurs communautés et pays d'origine en raison de leur situation précaire.

Les autorités locales s'inquiètent de l'arrivée d’orpailleurs dans leur ville, qui risque de mettre à rude épreuve les ressources limitées dont elles disposent et pourrait entraîner des conflits entre les travailleurs miniers et les habitants.

« L'augmentation mondiale des prix a également entraîné des pénuries de carburant ainsi que de denrées alimentaires de base, ce qui rend plus difficile pour les communautés de soutenir les nouveaux arrivants. Cela pourrait potentiellement aggraver la situation qui est déjà fragile », a déclaré Anne Kathrin Schaefer.

Depuis 2012, l'exploitation aurifère artisanale a connu une envolée dans le Sahara-Sahel. Au Tchad, le district de Kouri Bougoudi, situé à seulement 17 kilomètres de la frontière avec la Libye et à plus de 1 000 kilomètres de la capitale tchadienne, N'Djamena, est l'une des principales zones d'orpaillage artisanal, qui attire des milliers de Tchadiens et de migrants internationaux espérant exploiter les richesses potentielles des champs aurifères.

Bien qu'il n'existe pas de statistiques officielles sur le nombre d’orpailleurs qui y travaillent, les estimations de diverses sources font état d'environ 40 000 chercheurs d'or dans la localité. En raison de la nature non réglementée et artisanale de l'exploitation minière dans la région, des tensions apparaissent souvent entre les différents groupes de personnes.

Selon des sources officielles, une centaine de personnes sont mortes dans de violents affrontements sur l'un des sites miniers de Kouri Bougoudi entre le 23 et le 24 mai. Suite à cet incident, les autorités traditionnelles et nationales ont ordonné la fermeture et l'évacuation de tous les sites d'extraction d'or de Kouri Bougoudi, expulsant des milliers de travailleurs tchadiens et internationaux vers les villes voisines.

Environ 6 millions de dollars seront nécessaires pour fournir une aide humanitaire et une protection aux orpailleurs déplacés. L'aide comprendra de la nourriture et d'autres articles humanitaires de base, ainsi qu’un transport par le biais du programme de retour humanitaire volontaire de l'OIM pour les Tchadiens et les non Tchadiens vers leurs communautés et leurs pays d'origine.

Depuis 2011, l'Organisation met en œuvre une série d'initiatives de stabilisation communautaire et de consolidation de la paix au Tchad visant à soutenir le développement communautaire, à favoriser la cohésion sociale et à promouvoir la résolution pacifique des conflits liés aux ressources naturelles.

Consultez ici le dernier tableau de bord sur la situation dans le nord du Tchad.

La matrice de suivi des déplacements (DTM) de l'OIM au Tchad est soutenue par l'initiative COMPASS.

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Pour plus d'informations, veuillez contacter François-Xavier Ada, chargé de communication de l'OIM au Tchad. Email : fadaaffana@iom.int.