Communiqué
Global

Ukraine – la persistance de l’espoir : António Vitorino, Directeur général de l'OIM

Photo : OIM 2022

Genève – Il y a un an, la destruction et la souffrance humaine ont déferlé sur l’Ukraine dans des proportions que l’Europe n’avait plus connues depuis trois générations. Des villes et des villages ont été anéantis ; des communautés soudées ont été déchirées par les tirs, les missiles et les bombes.

Aujourd’hui, des enfants et des personnes âgées se terrent frigorifiés dans des caves, des médecins opèrent à la lueur de bougies et sans anesthésiants, et des infrastructures civiles – installations de chauffage, centrales électriques, hôpitaux – sont détruites les unes après les autres.

Depuis ma visite en Ukraine en septembre, je reste marqué par l’ampleur des dégâts, mais aussi par le courage des personnes déplacées par le conflit. Le dévouement du personnel de l’OIM et de nos collègues de la communauté humanitaire, dont je suis profondément fier, fait écho à la résilience du peuple ukrainien. 

L’escalade de la guerre rend les conditions de vie sans cesse plus difficiles, mais pour beaucoup, il est plus dur encore de rester en exil. Sur 13,4 millions de personnes déplacées en Ukraine et à l’étranger, quelque 5,5 millions sont rentrées au pays, retrouvant souvent leur foyer endommagé ou détruit.

Mes collègues et moi-même sommes déterminés à maintenir le cap, et convaincus que les actions que nous entreprenons aujourd’hui seront les fondations d’un avenir meilleur.

Nous continuerons de venir en aide au peuple ukrainien, et en particulier aux plus vulnérables, en fournissant des abris, de la nourriture, de l’eau, des médicaments et du matériel médical, des vêtements chauds, des travaux de réparation, du carburant et bien plus encore. Nous continuerons de financer la réparation des infrastructures, de remettre en état des écoles, des bureaux et des usines, et de créer des emplois. Nous continuerons de placer la population au cœur de notre action, car nous savons qu’elle veut – et doit – être maître de son propre relèvement.

Cependant, cette année de guerre a considérablement détérioré l’accès aux services essentiels dans tout le pays, et bouleversé de façon disproportionnée la vie des personnes déplacées. Les besoins sont colossaux, et grandissants.

Lorsque la plupart d’entre nous fêtions l’année nouvelle, en Ukraine, les célébrations ont été sobres. Les familles et les communautés brisées par la guerre ne peuvent pas se permettre des dépenses superflues. Près de la moitié (43 %) des familles ont épuisé toutes leurs économies.

La guerre a étranglé l’économie ukrainienne. C’est pourquoi l’OIM fait le maximum pour investir dans des entreprises locales, en particulier des micro- et petites entreprises. Avec l’appui de nos donateurs, nous avons fourni des subventions allant de 4 500 à 20 000 euros à 700 de ces entreprises. Déjà, plus de 2 300 emplois ont ainsi été créés ou sauvés.

La perte de leur foyer, et du sentiment de sécurité que celui-ci procure, a de vastes répercussions sur la vie des personnes. Aussi, je suis particulièrement fier de dire que l’OIM compte désormais parmi les plus importants fournisseurs d’abris en Ukraine. Dans des localités situées en première ligne, l’OIM a fourni une aide immédiate à plus de 140 000 familles et réparé plus de 200 structures telles que des écoles et des bâtiments publics, où plus de 51 000 personnes déplacées à l’intérieur de leur pays ont trouvé un abri temporaire.

L’accès à d’autres zones est limité en raison des hostilités qui continuent de s’y dérouler, ainsi que du manque de garanties de sécurité qui empêche les acteurs humanitaires de fournir une assistance de façon neutre et impartiale.

Les déplacements massifs et la destruction des structures communautaires, corollaires inévitables de la guerre, ont accru le risque de traite des personnes, de violence fondée sur le genre, et d’exploitation et de maltraitance des plus vulnérables. Nous avons collaboré étroitement avec nos partenaires pour apporter une aide coordonnée, ciblée et globale.

Hélas, on estime que 15 millions de personnes, soit un tiers de la population, voient leur santé mentale se dégrader. Dans ce pays qui a fait face avec tant de détermination à des difficultés inimaginables, il est impératif que nous renforcions nos programmes de santé mentale et de soutien psychosocial, qui offrent un marchepied précieux vers le relèvement communautaire.

Les activités que nous avons menées – offrir une aide humanitaire de façon impartiale pour répondre aux besoins immédiats des plus vulnérables, investir dans des initiatives du secteur privé, et fournir une protection et une aide psychosociale à une population épuisée par la guerre – apportent un réconfort immédiat et constituent un investissement dans l’avenir. Surtout, elles sont porteuses d’un bien immatériel essentiel : l’espoir.