Communiqué
Global

Déclaration conjointe : Les États doivent intensifier leur action pour mettre fin à l’augmentation alarmante de la traite des enfants

Genève/New York – Malgré les progrès réalisés au cours des 20 dernières années, la traite des personnes, en particulier des enfants, reste un crime très lucratif et très peu risqué, et un effort plus concerté est nécessaire pour la combattre, ont déclaré aujourd'hui l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants.

À l'occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains, António Vitorino, Directeur général de l'OIM, et Najat Maalla M'jid, Représentante spéciale du Secrétaire général, ont fait la déclaration suivante :

Aujourd'hui, un an après le vingtième anniversaire de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et son Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, nous félicitons les États pour les progrès accomplis dans la lutte contre la traite des personnes. La plupart des pays disposent désormais de lois contre la traite d’êtres humains et les appliquent. Des efforts accrus sont déployés pour appréhender et poursuivre les trafiquants, et les droits et besoins des victimes de traite en termes de prise en charge et de protection adéquats sont largement reconnus.

Toutefois, malgré tout le travail accompli au cours des deux dernières décennies, la traite des personnes, et en particulier des enfants, reste un crime très lucratif et peu risqué, fondé sur le principe de l'offre et de la demande. En outre, l'impact de la COVID-19 a fait croître le nombre de personnes qui se retrouvent dans des situations précaires où elles sont plus susceptibles d'être victimes de trafiquants qui s'attaquent aux personnes vulnérables pour en profiter et les exploiter.

Comme l'a indiqué le Secrétaire général dans son rapport sur la traite des femmes et des filles lors de la soixante-quinzième session de l'Assemblée générale, les progrès dans l'élimination de la traite restent lents. Le Rapport mondial sur la traite des personnes 2020 de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) souligne qu'entre 2017 et 2018, un total de

74 514 victimes de traite ont été identifiées dans plus de 110 pays. En 2018, sur 10 victimes identifiées dans le monde, environ cinq étaient des femmes adultes et deux étaient des filles.

Ces chiffres en eux-mêmes sont profondément préoccupants, mais la réalité est bien plus sombre car elle ne représente qu'une fraction de l'ampleur réelle de la traite dans le monde.

Cette année, nous souhaitons mettre en lumière la vulnérabilité spécifique des enfants à la traite. La traite des enfants est l'une des pires formes de violence contre les enfants et touche un nombre alarmant d'entre eux dans le monde. Environ un tiers de l'ensemble des victimes recensées sont des enfants. Les données de l'ONUDC indiquent que la traite des enfants a triplé au cours des 15 dernières années et que le pourcentage de garçons a été multipliée par cinq.

Les études actuelles montrent que les enfants migrants sont très vulnérables à la traite ou à des formes d'exploitation connexes. Les données de l'OIM et de l'UNICEF indiquent que 8 enfants migrants sur 10 voyageant le long de l’itinéraire de la Méditerranée centrale vers l'Europe font état d'une exploitation qui peut s'apparenter à de la traite d’êtres humains. Les enfants qui empruntent cet itinéraire sont régulièrement retenus contre leur gré, forcés à travailler ou victimes de fraude salariale.

La traite est à la fois une forme et une conséquence de la violence contre les enfants. Les enfants sont traités comme des marchandises qui sont achetées, vendues, échangées et utilisées inlassablement. Les enfants victimes de la traite sont confrontés à la violence physique, psychologique et sexuelle de la part de leurs trafiquants et bourreaux. Ils sont privés de possibilités d’éducation et de développement appropriés et doivent faire face à des séquelles économiques persistantes telles que l'endettement, ce qui peut avoir de graves répercussions sur leur santé et leur bien-être tout au long de leur vie.

Nous tenons à souligner l'engagement inébranlable de l'OIM et du Bureau de la Représentante spéciale dans la lutte contre la traite des personnes. Nous réitérons également l'importance accordée aux partenariats pour répondre aux besoins multidimensionnels engendrés par ce phénomène - comme nous l'avons appris - sur la base de plus de 30 ans d'expérience dans la fourniture d'aide à travers le monde. Nous savons que les interventions isolées dans un seul domaine ne sont pas efficaces et que nous devons adopter des approches globales qui non

seulement répondent aux besoins immédiats, mais qui s'attaquent aussi aux forces motrices et à l’aspect de la demande de la traite des personnes, ce qui est crucial pour réaliser les objectifs du Programme 2030, tout en reconstruisant mieux.

Nous devons également tirer les enseignements des victimes et de leurs combats. La force avec laquelle elles expriment leurs préoccupations, partagent leurs histoires, leurs souffrances, leur maltraitance ainsi que leur détermination à contribuer à améliorer la réponse est non seulement cruciale mais aussi une source d'inspiration pour nous tous. A ce jour, l'OIM a aidé plus de 100 000 victimes de traite à retrouver leur liberté et à entamer leur processus de relèvement.

L'année 2021 étant l'Année internationale pour l'élimination du travail des enfants, et dans le cadre du thème général de la Campagne mondiale du Groupe de coordination interinstitutions des Nations Unies contre la traite des personnes, nous appelons à accélérer l’action pour mettre fin à la traite des enfants. 

Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Kennedy Okoth, OIM Genève, Email : kokoth@iom.int
Annette Lyth, ONU New York, Email : Annette.lyth@un.org