Communiqué
Global

L’OIM informe l’équipe de pays des Nations Unies de l’existence de victimes de torture en Libye

Libye - En coopération avec des représentants du HCR, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’organisme des Nations Unies chargée des migrations, a informé, jeudi, l’équipe de pays des Nations Unies en Libye, des efforts actuellement déployés pour secourir jusqu’à 200 personnes qui auraient été victimes d’enlèvement et de torture en Libye.

Les victimes, dont le calvaire a été porté à l’attention de l’OIM par des contacts en Afrique qui avaient découvert une vidéo de migrants en captivité sur les réseaux sociaux, seraient des ressortissants somaliens et éthiopiens (hommes et femmes). Leurs familles restées dans la corne de l’Afrique ont reçu des demandes de rançon par l’intermédiaire de courtes vidéos mettant en scène des actes de torture. Cette tactique, qui n’est pas nouvelle, est employée depuis plusieurs années à travers la région du nord du Sahara et dans certaines régions d’Amérique latine. Selon l’OIM, cette vidéo est authentique.

« L’OIM travaille actuellement en étroite collaboration avec tous ses partenaires pour tenter de localiser les migrants. L’OIM soutient les efforts libyens dans la lutte contre les réseaux de passeurs et nous sommes très préoccupés par la situation actuelle », a déclaré Othman Belbeisi, chef de mission de l’OIM en Libye.

« L’OIM continuera de déployer son personnel – en coordination avec les autorités en Libye – dans la région afin d’aider à localiser et potentiellement aider au sauvetage de ces victimes », a-t-il ajouté.

Dans une vidéo publiée sur Facebook le 9 juin, des centaines de Somaliens et d’Ethiopiens décharnés et maltraités sont recroquevillés, apeurés, dans une pièce en béton. D’autres nationalités pourraient être représentées.

S’adressant dans la vidéo à un journaliste somalien basé en Turquie (qui a enregistré l’appel qu’il a reçu du groupe criminel), les migrants et réfugiés, assis sur le sol dans un espace restreint, racontent qu’ils ont été battus et torturés. Certains racontent que leurs dents leur ont été arrachées, leurs bras brisés et que personne ne leur donnait de nourriture. Ils expliquent que les femmes sont isolées dans des cellules séparées.

« Je suis ici depuis un an. Je suis battu tous les jours. Je n’ai rien à manger. Mon corps est couvert de bleus », raconte l’un des otages dans la vidéo. « Si vous voyiez la vie ici, nous ne voudriez plus être de ce monde. Cela fait quatre jours que je n’ai pas mangé mais le pire, ce sont les coups. Ils ne veulent pas me relâcher. »

Pendant toute la vidéo, des échanges ont lieu entre le journaliste et la personne qui gère le site en Libye. Dans une séquence, il présente au journaliste un jeune visiblement affamé, avec un gros bloc de béton sur le dos, à titre de punition car sa famille n’a pas payé la rançon.

« On m’a demandé 8 000 dollars », déclare le jeune homme, lorsque le journaliste lui demande pourquoi le groupe criminel le punit. « Ils m’ont cassé les dents, la main. Je suis ici depuis 11 mois… cette pierre est sur mon dos depuis trois jours. C’est très douloureux. »

« Le visionnage de cette vidéo de migrants et réfugiés innocents qui sont maltraités et torturés est très inquiétant », a déclaré Mohammed Abdiker, Directeur des opérations d’urgence de l’OIM, après avoir eu connaissance de la situation. « L’OIM condamne la façon dont les groupes criminels utilisent les réseaux sociaux pour montrer les sévices choquants perpétrés contre des personnes détenues contre leur gré et pour soutirer de l’argent à leurs familles restées au pays. »

Et d’ajouter : « le fait que les passeurs ou groupes criminels utilisent des plateformes numériques pour vanter leurs services, séduire des personnes vulnérables en déplacement puis les exploiter eux et leur famille est un fléau mondial. Il est grand temps que les médias sociaux et les entreprises de haute technologie reconnaissent les graves préjudices subis parce qu’ils ne sont pas capables de contrôler et de combattre les situations de graves violations des droits de l’homme – menant au meurtre – qui circulent par leur intermédiaire. »

Leonard Doyle, porte-parole de l’OIM à Genève, a déclaré : « Les médias sociaux, notamment Facebook, ont la responsabilité de mieux surveiller le contenu qui circule sur leurs réseaux. Il ne s’agit pas là d’un nouvel argument et nous n’accusons pas Facebook de complicité de meurtre. Nous disons plutôt que ces moyens de communication sont détournés par les criminels. »

Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Othman Belbeisi, OIM Libye, Tel : +216 29 600 389, Email : obelbeisi@iom.int
Leonard Doyle, siège de l’OIM, Tel : +41 79 285 7123, Email : ldoyle@iom.int
Ou Joel Millman, siège de l’OIM, Tel : +41 79 103 8720, Email : jmillman@iom.int