Communiqué
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Des milliers de personnes fuient l’escalade des hostilités à Ma’rib, au Yémen

Les sites de déplacement à Ma’rib accueillent des milliers de familles dans des conditions de surpeuplement. Photo : Rami Ibrahim/OIM Yémen 

Ma’rib – L'escalade des hostilités dans le gouvernorat yéménite de Ma'rib et ses alentours contraint des milliers de personnes à fuir en quête de sécurité, entraînant une augmentation alarmante des déplacements depuis le début du mois de septembre. 

La Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l'OIM - qui a actuellement accès à sept des 14 districts de Ma'rib - a enregistré près de 10 000 personnes déplacées le mois dernier, le taux le plus élevé enregistré à Ma'rib en un seul mois cette année. 

« Ce regain de violence à Ma'rib déstabilise la vie de milliers de personnes et entraîne la mort et des blessures tragiques chez les civils, y compris les enfants », a déclaré Christa Rottensteiner, chef de mission de l'OIM au Yémen. 

« L'OIM appelle toutes les parties au conflit à respecter le droit humanitaire international et à protéger les civils. » 

Le récent conflit a détruit des infrastructures essentielles telles que des ponts et des routes. 

Les routes à l'intérieur et à l'extérieur du district d'Al Abdiyah, au sud de Ma'rib, auraient été coupées, entravant la circulation des personnes et des fournitures essentielles. Ce district est l'un des plus grands du gouvernorat, avec une population estimée à 31 500 habitants, selon les autorités locales. 

Les organisations humanitaires s'inquiètent du bien-être des communautés touchées par le conflit dans les zones où l'aide ne peut parvenir. 

La situation est également désastreuse dans les districts de Harib, Al Jubah et Rahabah, d'où près de 4 700 déplacés internes auraient fui ce mois-ci. La majorité d'entre eux se sont dirigés vers des zones plus sûres dans les districts d'Al Jubah et de Ma'rib Al Wadi, ainsi que vers des zones urbaines densément peuplées dans la ville de Ma'rib. 

Les hostilités dans certaines parties de la région voisine de Shabwah ont également provoqué le déplacement de centaines de personnes dans ce gouvernorat et vers le nord, à Ma'rib. 

Les besoins augmentent considérablement dans ce que les Nations Unies décrivent comme la pire crise humanitaire au monde. 

Un grand nombre de personnes récemment déplacées vivent dans des conditions déplorables, souvent à plusieurs familles sous le même toit. Plus de la moitié d'entre elles déclarent que le logement est leur principal besoin, suivi de la nourriture et de l'eau. 

« Nous avons fui aujourd’hui pour sauver notre peau pour la deuxième fois », a confié Fatma*, une femme déplacée de Harib il y a cinq jours. « Nous avions à peine les moyens de payer le bus qui nous a amenés ici. Vingt-deux membres de ma famille partagent maintenant une seule tente. Nous ne pouvons pas dormir et avons du mal à trouver de la nourriture. » 

Depuis janvier 2020, l'OIM et ses partenaires estiment que près de 170 000 personnes ont été déplacées vers la ville de Ma'rib, dont bon nombre à plusieurs reprises. Un tiers d'entre elles ont fui depuis le début de l'année 2021. 

Beaucoup ont fui vers les 34 sites de déplacement gérés par l'OIM, aggravant les conditions de surpeuplement. D'autres cherchent refuge dans des bâtiments publics abandonnés, chez des proches ou ont épuisé leurs économies en louant un logement. 

En tant que principal acteur humanitaire à Ma'rib, l'OIM et ses équipes travaillent sans relâche pour répondre rapidement aux besoins énormes. 

Au cours du mois dernier, l'OIM a fourni une aide en espèces qui a permis à près de 3 000 personnes d'acheter de la nourriture, des médicaments et d'autres articles essentiels. L'Organisation a distribué de l'eau et fourni des abris et d'autres articles ménagers d'urgence à plus de 1 000 personnes qui avaient fui sans rien. 

Les équipes de santé interviennent auprès de centaines de déplacés internes qui ont été blessés ou qui sont tombés malades au cours de leur voyage, en fournissant des soins d'urgence dans des cliniques mobiles et fixes. 

Parmi les personnes touchées figurent également 4 000 migrants bloqués dans le gouvernorat. 

Ils se sont retrouvés au beau milieu du conflit et sont de plus en plus vulnérables à l'exploitation et à la maltraitance. Souvent incapables de poursuivre leur périple, la plupart d'entre eux ont du mal à trouver un emploi ou à accéder à la nourriture, aux soins de santé de base ou à d'autres services. 

L'OIM a intensifié son aide aux migrants à Ma'rib cette année, en ouvrant en juillet un nouveau point d'accueil pour les migrants où ils peuvent désormais recevoir des soins de santé, des articles d'urgence et d'autres types d’aide. 

Les opérations humanitaires de l'OIM à Ma'rib ont atteint plus de 200 000 personnes grâce au soutien des gouvernements de l'Allemagne, du Japon, du Royaume d'Arabie saoudite et des Etats-Unis, ainsi que de l'aide humanitaire de l'UE, du Fonds central des Nations Unies pour les interventions d’urgence et du Fonds humanitaire pour le Yémen. 

*Le nom a été modifié pour des raisons de sécurité. 

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